mardi 23 juin 2015

En immersion chez les nomades

Après deux semaines de moto à sillonner les pistes dans les steppes Mongoles, et dans l'attente de l'arrivée de la famille de Marie, nous avons opté pour une immersion dans le quotidien des nomades.



De nos jours, la Mongolie est peut-être un des seuls pays où la tradition du nomadisme perdure.
Mejet et Bilegt, les propriétaires de l'appartement où nous séjournons à Ulan Bator, nous mettent en contact avec leurs amis nomades qui nous accueilleront les prochains jours.

Nous partons en bus, accompagnés d'Adeline (Suisse) et de Stéphan (Allemand), direction Karkhorin à 400 kilomètres de la capitale.
Dès notre arrivée, Tsolmon et Batdorj nous accueillent et nous conduisent vers leurs campements à une trentaine de kilomètres de la ville. Ici, on se sent vraiment coupé du monde, pas d'autre yourte, ni de route asphaltée à l'horizon.


Le campement se compose de 4 Gers : une pour la Grand-mère, une pour Tsolmon et Batdorj, une pour le frère cadet de Batdorj et sa petite famille et enfin une pour nous !


Leur cheptel est énorme, et ces dernières semaines le nombre de bêtes a quasiment doublé suite à la saison des naissances. Nous estimons environ un millier de moutons/chèvres, 150 chevaux et une trentaine de vaches. Ça fait du boulot tout ce petit monde et on va vite s'en rendre compte !


A peine arrivés, nous sommes vite accaparés au triage des moutons !! Pourquoi celui-ci et pas celui-là, nous n'y comprenons rien mais nous aidons comme on peut et on rigole bien en chevauchant les moutons pour les attraper ! S'en suit, aux dernières lueurs du jour, la course aux petits veaux pour les mettre dans un enclos pour la nuit.


Éreintés, puant le mouton, nous dînons alors qu'il est déjà tard, un verre de vodka pour digérer et nous voilà dans les bras de Morphée !


Les traditions perdurant aux fils des générations, la culture du déplacement entre un camp d'hiver et un camp d'été permet aux troupeaux de paître dans un environnement où la végétation est suffisante. Le camps d'été de Tsolmon et de Batdorj se trouve seulement à 5 kilomètres d'ici non loin d'une rivière.
Un lien étroit existe entre la terre, le bétail et l’éleveur, si une de ses trois composantes est perturbée alors tout s'écroule. Une tempête de neige ravageant la moitié du bétail, une sécheresse dévastatrice, et la vie du nomade s'arrête brusquement, l'obligeant souvent à se tourner vers les villes où le travail ne coure pas les rues... C'est ainsi que les quartiers de yourtes aux abords des villes grossissent peu à peu. Alcool, chômage prennent alors le relais de ces nomades déchus.

Mais arrêtons d'être pessimiste, nous avons du pain sur la planche ou plutôt du triage du mouton à effectuer de bon matin, le ventre vide... 


Nous finissons finalement par comprendre pourquoi on trie les moutons depuis hier soir, c'est pour mieux les compter pardi ! Mais attention ici ce n'est pas pour dormir qu'on compte les moutons, au contraire, il faut être bien réveillé sinon c'est foutu ! 


Cette fois-ci, nous compterons 395 femelles moutons adultes. Ça saute, ça gambade, ça bêle dans tous les sens, on s'amuse comme des fous !
Après un petit-déjeuner bien mérité, nous sautons dans la benne d'un camion conduit par David pour aller admirer le troupeau de chevaux, magnifique. 


En les voyant ainsi, on pourrait penser qu'ils sont sauvages,ce qui n'est pas complètement faux, mais les nomades parviennent quand même à les regrouper et tournent autour du troupeau avec de l'encens, comme pour faire une bénédiction.


Le cheval est une fierté pour les Mongols, ancré dans l'histoire du pays, il a permis à l'empire Mongol dirigé par Genghis Khan de s'étendre jusqu'aux portes de l'Europe ! Classé dans la race des poneys, il n'en demeure pas moins robuste, sauvage et difficile à approcher en liberté, mais une fois domestiqué, il reste une monture fidèle aux nomades pour ramasser le bétail. Il est de plus en plus remplacé par les motos de marque « Mustang », qui facilitent le travail.


De retour au campement, nous nous attaquons aux chèvres et plus exactement à la récolte du cachemire. Le travail consiste à attraper la bête par les cornes et de la ficeler sur une planche en bois à hauteur d'homme afin de la brosser dans tous les sens inimaginables pour récolter la précieuse laine. 


Tsolmon nous indiquera qu'un kilo de cachemire brut équivaut à 25 euros, si bien qu'à la fin de l'après-midi, nous pouvons contempler deux sacs promettant la somme rondelette de 200 euros.


La Mongolie est le deuxième producteur de cachemire précédée et écrasée par.... la Chine bien évidemment qui élève intensivement des milliers de chèvres, ce qui n'est pas sans conséquence sur la désertification de la Mongolie intérieure...


Le lendemain matin nous attend un travail moins jovial qui consiste au ramassage des bouses de vaches et des crottes de moutons. Brouette après brouette, pelleté après pelleté, nous nettoyons chaque enclos avant de dévorer après 4h de dur labeur, notre petit déjeuner !
Heureusement l'après midi est plus tranquille ce qui nous permet de nous reposer au soleil et jouer aux cartes avec Adeline et Stéphane.


18h, les vaches reviennent des pâturages, appelées par leurs veaux restés dans l'enclos une partie de l'après-midi. C'est l'heure de la traite, travail exclusivement réservée aux femmes. Marie et Adeline auront le droit de tirer quelques jets de lait frais pendant que Stéphan et moi, nous nous occupons d'attacher le prochain veau en vue de la traite de sa mère.

Le « Souté Tsé », Thé au lait est la boisson mongole par excellence. C'est la maîtresse de maison qui le prépare sur le poêle. Il s'agit en fait d'un mélange d'eau et de lait, auquel on ajoute un peu de thé et de sel. Un breuvage qui peut surprendre dans un premier temps, mais que l'on adopte très vite !

Au réveil, nous entrons dans la Ger de Tsolmon qui s'affaire déjà à faire chauffer le « Souté Tsé » qui accompagnera le pain sur lequel on étale la crème de lait fraîchement préparée, un régal.


La matinée sera rythmée par le nettoyage des différents cacas (crottes de moutons, bouses de vaches et crottins de cheval) ! 


Puis nous passerons une bonne partie de l'après-midi à jouer avec les enfants avant d'entamer les rituels travaux du soir : traite des vaches, ramassage des moutons et ramassage des veaux.

Durant la journée, il n'est pas rare de partager une ou plusieurs bières, et ceci peut arriver à n'importe quelle heure de la journée, même à 10h le matin ! On boit soit dans la Ger ou en travaillant à l'extérieur.


Le partage de l'alcool en Mongolie se fait suivant un schéma bien particulier. Généralement, la bouteille fait 2,5 litres et il n'y a qu'un seul verre pour boire. Une personne est responsable de la distribution de la boisson et sert chacun à tour de rôle. Il faut toujours donner et recevoir le verre de la main droite. Il est important de bien retenir l'ordre des personnes à servir et s'y tenir jusqu'à épuisement de la boisson ! Le verre tourne ainsi, si bien que tu finis par ne plus savoir combien tu en as bu ! Cette façon de boire est assez perturbante pour nous, car il faut boire relativement vite car les autres attendent aussi le verre pour boire à leur tour! Malgré tout, c'est un moment convivial, il faut juste savoir quand s'arrêter !


Pour la préparation du repas, nous aidons à découper la viande séchée en la tapant avec un marteau puis en finissant au ciseau. Le tout se fait sur une grosse chambre à air à même le sol de la Ger ! Cette viande (mouton ou vache) est généralement plongée dans un bouillon avec des pâtes, ce qui la réhydrate, et le résultat est une soupe très nourrissante !


La journée du lendemain est beaucoup plus intéressante. Alors que nous terminons les travaux habituels de la matinée, Batdorj et son frère s'affairent déjà à regrouper une trentaine de chevaux dans un enclos. Nous apprenons assez rapidement que nous allons couper les crins de chevaux et dans le même temps les vacciner, ce qu'il faut répéter chaque année.


Une fois tous dans l'enclos, nous scindons le troupeau en deux. La première partie est regroupée dans un plus petit enclos fermé rapidement avec des rondins de bois d'un côté. C'est à ce moment que cela se corse car il faut faire passer 7 ou 8 chevaux dans un couloir étroit, rendant leurs déplacements impossible et permettant ainsi aux nomades de passer un licol autour de la tête du cheval. 


Ce n'est pas une mince à faire car les chevaux sont plutôt sauvages et ne sont pas habitués à se retrouver coincés ainsi, ils sont donc assez nerveux... Certains ruent, d'autres tombent à terre, et les plus fougueux parviendront à sauter la barrière ! Les chevaux plus turbulents seront remis en place assez violemment, ce qui nous choque un peu, mais les nomades savent probablement mieux que nous comment agir avec leurs chevaux.


Une fois le licol passé et bien tenu par une personne, la coupe des crins peut commencer. Seuls les deux frères sont autorisés à cette tâche. Tsolmon, elle, s'occupe de les vacciner pour prévenir les parasites.


Nous passerons ainsi toute la journée à les aider pour ce travail difficile et dangereux, afin de couper les crins des 150 chevaux. Seul exception, les étalons qui conservent leurs longs crins.


C'est aussi l'occasion pour nous d'approcher les jeunes poulains, qui attendent que leurs mères sortent du coiffeur !


Les crins récoltés seront vendus à la ville pour 2,5 € / kilo, c'est bien peu au vu du travail effectué. Cela servira notamment à faire de solides cordages pour les yourtes.

Le soir, après toute une journée de dur labeur, nous nous réchaufferons le gosier avec 3 ou 4 bouteilles de bière en faisant tourner des photos de la famille !
Malheureusement toute bonne chose a une fin, nous reprenons le bus le lendemain direction la capitale où nous attendrons la famille à Marie avec impatience après plus d'un an de séparation !


Pour résumer, on peut quand même dire que ces nomades sont impressionnants, infatigables, toujours en activité, du matin au soir. Cette expérience unique aura été très riche pour nous, et cela nous a tellement plu que nous y retournerons avec la famille de Marie pour de nouvelles aventures !

Difficile de rendre compte par écrit de notre immersion chez les nomades, alors voici un petit aperçu en vidéo !


                                               ou cliquez ici:https://youtu.be/xiee567seJg


PS : Le prochain article sera rédigé, non pas par nous mais par des auteurs mystérieux, alors soyez patients et indulgents car ce n'est pas un travail facile, mais nous sommes certains qu'ils s'en sortiront comme des chefs ! On vous rend la plume, à vous de jouer !

8 commentaires:

  1. hello
    superbe article encore une fois, magnifiques photos, ça donne vraiment envie.
    bonnes retrouvailles en famille
    a bientot
    gwenaelle

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  2. Bonjour, quel magnifique reportage sur un pays que je ne connais pas du tout ! on a l'impression d'être dans un autre monde ! Merci de nous faire partager votre quotidien et j'attends avec impatience le prochain reportage. Chantal

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  3. Bonjour,
    Quel plaisir de vous retrouver....Toujours intéressant et dépaysant....
    Merci de me permettre de revivre la vie avec les nomades et de partager leur hospitalité...
    A bientôt pour le prochain article
    Bonne suite Marie Agnès

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  4. Bonjour,
    Merci beaucoup pour ce bel article, toujours aussi intéressant.
    Gros bisous à Jean et Guylaine lorsqu'ils vous rejoindront.
    A bientôt et merci.
    Michèle V.

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  5. SUPER SUPER !!!! On ne sait plus quoi dire, comme à chaque fois c'est super....
    On n'attend avec impatience le "Fameux Reportage en famille",
    A bientôt et gros bisous à vous 2
    Régine et Gilles

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  6. Le résumé est parfait j'ai envie de dire ! Comme on y est allé on se rend bien compte de la charge de travail qu'ont les nomades !
    Vous verrez ça aussi dans le prochain article ;)
    La vidéo est trop cool !!!! Meêêêêhhhh
    Bisous les choux

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  7. beau reportage, le film est bien fait. Bravo et Gros bisous.
    Louis et Armelle

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  8. Merci beaucoup pour la petite attention qui trône sur mon bureau. Cela m'a fait plaisir même si non mérité. Car c'est plutôt à moi de vous remercier de me faire voyager à travers vous. C'est toujours un plaisir de vous lire. J'attends avec impatience sa suite. Vos secrétaires intérimaires ne sont pas très vaillantes !! Sans doute la chaleur !!!
    Bisous et bonne continuation. sylvie

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