Reprendre
la route après ces deux semaines en famille, n'est pas une chose
aisée d'autant plus que la suite de nos aventures en vélo est
toujours remplie d'incertitude. Quoi qu'il en soit, maintenant il est
temps pour nous d'entamer le chemin du retour et de revenir vers
l'Europe.
La
famille de Marie est repartie, nous voilà de nouveau installés dans
l'appartement de Bilegt avant de nous diriger vers la Russie. Le visa
russe en poche, nous partons d'Ulan Bator très tôt, direction Ulan
Ude en bus. Ce dernier dispose des plus petites soutes que nous
n'ayons jamais vu depuis le début, ce qui n'est pas idéal pour
charger 2 vélos, mais les chauffeurs sont sympas et ne nous
demanderont même pas de supplément, ouf !!!
Arrivés
à la frontière Russe, le stress est à son comble ! Nous
avions entendu que ce passage était vraiment pénible et bien nous
allons être servi.
Une
douanière Russe s'introduit dans le bus et nous braque une arme
intergalactique sur nos têtes... « Haut les mains, ceci
est un....contrôle de température, toute personne ayant une
température au-dessus de la normale se verra refuser l'entrée sur
notre sol... »
Gloups,
finalement nous passons avec brio le contrôle, par contre la Suisse
Allemande juste devant nous est malade comme un chien et retient
l'attention de
Puis
vient le passage aux rayons X de tous les bagages y compris les vélos
que nous devons sortir des soutes...2h sera nécessaire pour
contrôler minutieusement le bus mais ce n'est rien comparé aux 6h
d'attente si on avait pris le train !
Changement
de décor car dès les premiers kilomètres en Russie, la Taïga est
omniprésente, finit la steppe désertique. Après 12 heures de
voyage, Ulan Ude n'est plus qu'à quelques kilomètres.
Alexander
est notre hôte de ce soir, mais trouver son adresse, n'est pas une
chose facile car nous n'avons aucun moyen de le contacter. Mais
plusieurs passants viennent à notre secours et nous sommes étonnés
de l'aide des gens rencontrés dans la rue ! Nous trouvons
finalement Alexander, un sympathique russe ou plutôt bouriate, d'une
quarantaine d'années. Après une douche revigorante, il nous amène
visiter un peu son quartier. 2 bières et un verre de Cognac nous
aideront à plonger dans le monde des rêves !
Calés
sur l'emploi du temps de professeur d'Alexander, nous partons nous
balader un peu en ville. On remarque déjà de nombreux changements
par rapport à la Mongolie, à commencer par les habitants. Ici, nous
avons retrouvé les visages pâles et les petites têtes blondes aux
yeux bleus, un sacré contraste avec l'Asie, où tout le monde est
brun aux yeux marrons !
Dans
l'après-midi, nous partons visiter le monastère Bouddhiste dominant
la ville. Bizarre de trouver ce type de monastère alors que les
Russes ont ravagés tous ceux de Mongolie...
Puis dans
la soirée, nous retrouvons Alexander et un de ses ami, qui nous
conduisent à quelques points de vue, avant de renter manger des Buzz
Russes et vider une bouteille de Vodka !
Le
lendemain, Alexander nous amène très tôt à la gare de bus car
nous avons planifié une petite excursion au Lac Baïkal de deux
jours. Cela serait dommage de manquer cette occasion alors qu'on est
si près !
Arrivés
à Ust-Bargouzine, au bord du lac, nous nous faisons conduire à un
homestay réputé dans le village.
La propriétaire nous installera
dans une cabane en bois dans son jardin, c'est assez rustique mais
super mignon !
Voulant
profiter du soleil, nous partons découvrir les plages le long du lac
ou plutôt devrai-je dire la Mer de Baïkal tellement celui-ci est
ENORME (plus de 600 kilomètres de long) !
Le vent souffle
vraiment fort, et de nombreuses vagues s'écrasent sur le rivage ce
qui rend la confusion encore plus forte ! Ce lac, situé
au-dessus d'un rift, est le plus profond du monde et atteint
1630m !!!! Vertigineux...
Ce lac, dans quelques millions
d'années, deviendra le 6ème océan du monde, scindant le continent
Asiatique en deux parties.
A notre
retour, les propriétaires nous offrent le Banya (bain russe), mais
contrairement au sauna Suédois, ici on utilise de la chaleur humide.
Nous entrons dans une pièce tout en bois où un poêle surchauffe
des pierres et sur lesquelles nous balançons de l'eau pour se faire
suer.
Ensuite, nous nous fouettons avec des branches de bouleaux afin
d'éliminer les toxines ! Enfin nous nous douchons à l'eau
fraîche avant de recommencer le cycle !! Un bonheur !
Après
une nuit froide dans notre petite hutte, nous partons à pied vers le
parc national avec la ferme intention de gravir le sommet culminant à
1800m au dessus du lac.
Les montagnes semblent proches mais il y a
tout de même une vingtaine de kilomètres à parcourir. Ne disposant
pas de véhicule, nous essayons le stop qui fonctionne très bien !
Malheureusement,
nous ne pourrons pas atteindre le sommet car c'est nous n'avons pas
assez de temps devant nous pour cette grosse rando, mais la vue à
900 mètres d'altitude nous offre déjà un super panorama sur la
péninsule.
Petite pause pique-nique à contempler cet énorme lac et
prendre conscience de notre chance unique d'être ici. Nous ne serons
pas assez courageux pour la baignade dans l'eau qui est vraiment
froide (on est breton, mais quand même!).
Retour à
Ust-Bargouzine en stop, avant de profiter une nouvelle fois du Banya
et de goûter à un Omoul, poisson du lac, grillé au barbecue
gentillement offert par le proprio!
Revenus à
Ulan Ude, nous passons une soirée karaoké avec une amie à
Alexander où nous chanterons « Belle » de Notre-Dames de
Paris, très populaire en Russie !!
Le
lendemain, après avoir dit au revoir à notre hôte, nous nous
dirigeons vers la gare afin de prendre le Transsibérien. Grâce aux
conseils de Thomas et Estelle, qui sont passé par là il y a
quelques jours, nous convertissons nos billets électronique en
billet normaux et achetons directement un billet supplémentaire pour
nos vélos (moins de 5€/vélo). Nous apprenons que le train n'entre
en gare que 30 minutes avant le grand départ alors lorsqu'il arrive,
nous nous dépêchons de démonter les vélos et de les mettre dans
une housse.
Les Pravadnitsa se détendent un peu lorsqu'on leur
montre que nous sommes en règle avec nos billets pour les vélos.
Mais le plus dur reste à faire, à savoir le chargement des vélos
au dessus des banquettes mais nous nous faisons aider par un gentil
monsieur. C'est parti pour 3 jours et 4 nuits sur la ligne mythique
du Transsibérien.
Mais
pourquoi un si long trajet en train alors que l'avion est bien plus
rapide ?
Eh bien
parce que prendre l'avion avec les vélos est une vraie galère, et
il faut souvent payer des taxes supplémentaires, si bien que ça
revient vite assez cher. Pour le train, il faut avoir du temps devant
soi, certes, mais c'est une solution assez économique, et ce qui est
important pour nous c'est aussi la lenteur de ce moyen de transport !
Eh oui, après plusieurs mois passés en Asie, il nous semble
important de revenir « doucement » vers l'Europe.
Le
train est idéal car nous évoluons lentement et on a le temps de
prendre conscience du changement de continent sans que ce soit trop
brutal.
Nous
avons opté pour la Platzkart (3ème classe) pour des raisons
économiques (un peu plus de 100€/personne pour aller jusqu'à
Moscou). Et nous ne regretterons pas ce choix car c'est aussi un très
bon moyen pour rencontrer les Russes et autres voyageurs !
Au
fil des journées, le contact s'instaure, les habitudes s'installent
avec un paysage de Taïga qui file au travers des fenêtres !
Heureusement, il règne une bonne ambiance dans notre wagon, aidée
par les nombreux enfants.
Nous
disposons de couchettes latérales supérieures, ce qui n'est pas la
meilleure place, mais nous avons de supers voisins qui nous laissent
une place pour nous asseoir dans la journée !
Le
quotidien est rythmé par les pauses dans les gares où nous pouvons
nous dégourdir les jambes et faire quelques provisions. Mais le
repas principal restera les nouilles chinoises sans goût
accompagnées de saucisses, tomates et de choux roses fluo !!
Eh
oui, pas facile de varier les plaisirs avec pour unique cuisine, le
Samovar (machine située au bout du wagon, fournissant de l'eau
brûlante à volonté!).
Certains
voisins nous quittent, aussitôt remplacer par de nouvelles têtes.
Les pravadnistas se relaient jour et nuit afin de faire régner
l'ordre dans leurs wagons, malheureusement les nôtres ne seront pas
enclin à rigoler...
Nous nous
lions d'amitié avec nos voisins Tadjiks parlant un peu Anglais qui
nous apprennent le jeu de cartes nationale Russe.
Les enfants du
wagon nous offrent les bracelets qu'ils font pendant le voyage et
nous apprennent quelques rudiments de russes.
Manger,
lire, boire du thé, jouer aux cartes, manger, dormir et ainsi de
suite ! Les journées se ressemblent mais finalement ça passe
assez vite quand même. Le plus dur reste le décalage horaire car
nous remontons le temps. Chaque journée se voit allongée de deux
heures...dur, dur ! D'autant plus qu'à cette latitude et à
cette époque de l'année, le jour se lève très tôt et finalement
il ne fait jamais vraiment nuit. Il faut rajouter à ça que personne
ne sait vraiment quel heure il est, à l'endroit où nous sommes.
Certains utilisent l'heure d'Ulan Ude, d'autres l'heure locale, ou
encore l'heure de Moscou qui est l'heure utilisée dans toutes les
gares, même si il y a 5 heures de décalage ! Enfin bon c'est
un sacré bordel et on est vraiment désorienté, c'est une drôle de
sensation !
90 heures
de train, c'est long, c'est vrai, mais nous garderons un très bon
souvenir de cette expérience de voyage inédite en ce qui nous
concerne, et qui nous aura permis de revenir vers l'occident tout en
douceur !
Finalement
après une courte 4ème nuit, nous touchons au but, Moscou !
Débarqués à 4h du matin, cela n'empêchera pas Ivan, notre
Warmshower, de venir nous chercher en voiture !
Nous
sommes tombés sur un triathlète expérimenté. Nous faisons pâle
figure face à ce qu'il va entreprendre dans quelques jours, à
savoir 4000 kilomètres en 40 jours de Budapest jusqu'à Lisbonne en
passant par la France...Gloups, avec des journées de 150 kilomètres
ou plus, cela ressemble plus à une course qu'à une découverte du
patrimoine mais il en faut pour tout les goûts ! Cela n'enlève
rien à la gentillesse d'Ivan, qui sera un hôte très attentif
durant ces 3 jours à Moscou.
Après
avoir fait connaissance et pris un bon petit déjeuner, nous partons
vers le centre ville afin de visiter à pied cette jolie capitale qui
nous aura vraiment étonnée.
Étonnés de part tous ces espaces
verts, ces russes accueillants, ces monuments historiques, nous
sentons que nous sommes de retour vers l'Europe, même si nous
n'avons pas encore franchit la frontière.
Nos pas nous auront guidé
vers l'immense Place Rouge, près du Kremlin ainsi que de la
Cathédrale Basile le Bien Heureux.
Un petit tour dans le prestigieux
centre commercial Goum qui ferait pâlir les Galeries Lafayette !
Le
lendemain, Marie consultera une ostéopathe française installée à
Moscou, afin de mettre toutes les chances de notre côté pour
remonter sur nos destriers après Saint-Petersbourg...
S'en suit une
promenade de 25 kilomètres à pied guidée par Ivan à travers les
nombreux parcs de la ville dont la palme revient au Parc Gorki, où
se donne RDV tous les moscovites. Un film Français au cinéma, que
je ne vous conseille pas, clôturera la journée à 4h du mat'.
Bizarrement à cette époque de l'année le soleil ne se couche pas,
ce qui rend difficile de trouver nos repères !
Sur les
conseils d'Ivan, après une courte nuit, nous prendrons le somptueux
métro tout en marbre de Moscou pour aller marcher dans un parc en
dehors du centre-ville où vivait auparavant la femme du Tsar.
A
notre retour, nous décidons d'acheter de quoi faire de bonne crêpes
Bretonnes mais je me plante de farine, si bien que les crêpes auront
un petit goût bizarre mais elles seront toutes mangées,
accompagnées d'un Beaujolais Nouveau apporté par un couple d'amis à
Ivan !
Nous vous
écrivons en ce moment en face de la gare de Moscou, en attendant
notre train qui nous amènera dans la nuit jusqu'à Saint Petersbourg
où nous devons nous faire accueillir par un couple Russe parlant
Français. Mais ceci est une autre histoire !
Question super méga importante : C'est quoi le film français à ne pas voir ? Juste par curiosité, des fois qu'on aurait l'idée sotte et grenue d'y aller...
RépondreSupprimerAu fait, vous ne saviez pas qu'il est interdit de prendre des photos dans le métro à Moscou ? Vous avez risqué quinze ans de goulag, inconscients ! Remarquez qu'il est aussi interdit de prendre des photos dans le métro parisien, mais le risque est moindre, seulement quinze ans sans galettes de sarrasin.
Eyh les cyclos le film s'appelle Journal d'une femme de chambre.... N'y allez pas, c'est un navet! Ouf on a échappé au goulag mais encore plus on aura de nouveau le droit aux galettes saucisses!! Eyh psst, le retour est prévu le 1er Aout alors si vous voulez rouler quelques jours avec nous, redites nous, on prendra le canal d'Ile et Rance donc c'est tout plat pour Irène!!Allez Kenavo les potos!
RépondreSupprimerEt moi j'aurais bien voulu voir une vidéo du karaoké. Notre dame de paris version breton .... j'aurais bien voulu voir ça.
RépondreSupprimerSavourez les derniers jours de votre périple. Je pense que vous pouvez être contents et fiers de vous.
A bientôt peut-être sur le sol Breton. Sylvie
Dans mon imagination, le transsibérien était un train de luxe. Je vois qu'il transporte aussi des 3èmes classes. 3 jours et 4 nuits: combien aurait-il fallu de livres à Yann pour ce trajet ? Nous aussi, nous aurions bien aimé entendre David imiter Garou. Bisous et à tout de suite.
RépondreSupprimerLouis et Armelle