En route vers la Mongolie

Reprenons le fil de nos aventures. Où en étions nous ? Ah oui Kangding, vous vous souvenez, n'est-ce pas ?!!

C'est cette dernière ville qui marque la frontière entre le Tibet du Sichuan et le Sichuan des Hans ! Postés juste après la gare de bus, nous poussons le vice en présentant notre pancarte en direction de Chengdu. Qui ne tente rien n'a rien !

Bingo, une première voiture nous permet de sortir de la ville et nous dépose une cinquantaine de kilomètres plus loin. Malheureusement, nous ne sommes pas les seuls à faire du stop et la concurrence est rude. Plusieurs chinois sont postés au carrefour et ont la ferme intention de trouver une voiture, ce qui ne nous facilite pas la tâche... Du coup on s'éloigne un peu et une deuxième voiture nous amène à un carrefour un peu plus loin. La route principale indiquée sur notre carte ne semble pas être empruntée et toutes les voitures se dirigent vers la route secondaire. Ne sachant pas trop quelle route prendre, nous demandons de l'aide à un pompiste qui nous trouvera une voiture pour Chengdu, à plusieurs centaine de kilomètres d'ici !! La classe ! Les propriétaires nous paieront le repas du midi et insistent même pour nous déposer en plein centre-ville, à la porte de notre Guesthouse, après 7 heures de route !

Fini les températures négatives, la neige et l'air pur des montagnes, place à la chaleur et à la pollution. Le ciel est voilé, impossible de voir le ciel bleu que l'on devine pourtant derrière la couche de pollution... un brin nostalgique, nous voici à Chengdu, ville de 10 millions d'habitants. Cette dernière nous a un peu déçu vu le peu de sites historiques au sein même de la ville, et pour cause, ce sont 99 % de nouvelles constructions qui la compose... Il est vrai que nous aurions pu aller voir le grand bouddha de Leshan, gravir le mont Emeishan ou aller se balader dans les collines environnantes, mais nous ne voulions pas nous retrouver dans le flux de touristes chinois.

Une ballade s'impose tout de même sur la grande place du peuple et dans les parcs éparpillés dans la ville, permettant aux Chinois de respirer un peu et sortir de leurs quotidiens.

Saviez vous que l'emblème de Chengdu est le Panda ? L'Homme est capable des pires atrocités, à savoir décimer des espèces parfois très rapidement, mais il est également capable de permettre à certaines créatures, comme le Panda, de prospérer depuis 8 millions d'années...

Nous partons donc visiter la base de reproduction des Pandas. Durant ces milliers d'années, ces derniers ont évolué d'un régime carnivore à un régime exclusivement basé sur l'ingestion de 40 kilogrammes de bambous par jour ! Le parc très bien aménagé, nous y passerons une bonne demi-journée à observer les jeunes faire les pitres, et les adultes se goinfrer de pousses de bambous avant de s'affaler pour une sieste ! 

Une autre espèce de mini pandas y est présente, à vrai dire, ils ressemblent plutôt à des renards avec un pelage rouge feu.

Notre visa chinois arrivant bientôt à expiration, nous devons nous rapprocher de la frontière Mongole au plus vite et c'est par le train que nous rallions Pékin en 26 heures ! Nous sommes installés sur les couchettes du troisième étage et partageons le compartiment avec un petit couple de vieux et deux jeunes. Pour ce qui est du repas, nous mangerons des soupes chinoises déshydratées, grâce à l'eau chaude mise à disposition dans le wagon. Après déjà une journée dans le train, 22 heures, extinction des feux et hop au dodo et, étrangement, nous passerons une bonne nuit, avant d'arriver à Pékin le lendemain midi !

Pékin, capitale de 21 millions d'habitants, ville la plus à l'Est de notre voyage. Mais notre esprit est plutôt orienté sur la récupération de nos vélos que nous avions quitté à Kunming et qui sont normalement stockés dans les entrepôts de la gare Beijing Ouest depuis plus d'un mois maintenant. Sont-ils encore là, avec nos bagages ? Y-a-t-il de la casse ?

Et bien non, certes nos vélos sont pleins de poussière mais tout est intact, avec l'ensemble de nos bagages. Nous restons une bonne heure pour tout remettre en place et partons sans qu'ils nous demandent de payer l'entreposage de nos bagages (c'est pas faute de leur avoir tendu la perche pourtant)!!!!

Circuler à Pékin est assez facile contrairement à ce que l'on pensait, des énormes pistes cyclables permettent de progresser tranquillement sans danger. Et nous profiterons d'ailleurs de cette aubaine pour cette grande ville en vélo !

Nous sommes hébergés au Nord de la ville, près du 4ème périphérique par un couchsurfeur, Jack. Nous mettons une demi journée pour se repérer, et 20 kilomètres après nous trouvons Jack qui partage un grand appartement avec une vingtaine de jeunes chinois travaillant pour une start-up. C'est donc par terre que nous dormirons au milieu des ordinateurs !! A peine arrivés, nous sommes conviés à une partie de basket endiablée avant de partager une bonne bière avec eux ! En milieu de soirée, ils nous demandent de chanter une chanson Française...nous ne trouverons rien de mieux qu' « Une souris verte »  et ils sont fans!!

Ils sont très créatifs et aiment chanter, dessiner (David se fera tirer le portrait!), ou encore faire des clips vidéos à l'eau de rose, kitschissime comme aime les chinois ! Nous passerons de bons moment

s avec cette joyeuse bande très attentionnée à notre égard !

L'anglais est limité mais nous parvenons malgré tout à avoir des échanges intéressant, notamment au sujet du gouvernement et de la dictature chinoise. Nous comprenons bien qu'ils n'approuvent pas ce gouvernement, mais ils ne peuvent rien dire, au risque d'être arrêté illico-presto... Après bientôt, 2 mois en Chine, nous comprenons un peu mieux les rouages du gouvernement chinois, et il n'y a pas de doutes, c'est bien une dictature avec son lot de manipulations, de propagandes, de censures et de répressions... pourtant dans leur quotidien, les chinois semblent libres et heureux, ils ne se plaignent pas, ils ont été éduqué ainsi. Une société très complexe, qui nécessite du temps pour être appréhendée.

Pékin regorge de sites historiques même si le PCC en rase de plus en plus...Le Temple du Ciel a vu sur son énorme esplanade, la cérémonie des JO se dérouler tandis que sur la Place Tian'anmen, Mao Zedong a proclamé la République Populaire de Chine. 

Les militaires et les policiers sont omniprésents ainsi que les caméras de surveillance. Malgré ça, Pékin est une ville qui nous aura charmé par ses espaces verts et sa tranquillité relative pour une ville de cette ampleur.

Après 4 nuits chez Jack, nous sommes hébergés 2 nuits par Caue, un brésilien travaillant dans la diffusion d'informations, d'actualités en Portugais. Il nous explique que son travail est vite devenu ennuyeux de par la censure chinoise et la propagande utilisée par le PCC... C'est un voyageur avéré et c'est super de l'écouter parler de toutes ses expériences !

Caue habite au milieu des Hutongs, et nous nous perdons dans les dédales de ruelles. Ce sont les anciens quartiers de la ville qui auparavant s'étalaient plutôt à l'horizontale contrairement à aujourd'hui où tout n'est que building et verticalité !

Dans les années 1700, les tibétains se sont vu attribués un temple en plein centre de Pékin. C'est encore un haut lieu de pèlerinage pour ce peuple dont leur religion et mode de vie se voient de plus en plus décimés... 

La encore, une exposition au sein même du temple, n'est que propagande en ce qui concerne la condition du peuple tibétain et ce que le gouvernement chinois fait pour les « aider ».

Durant ces quelques jours à Pékin, nous retrouvons Estelle et Thomas (IntoTheWheel), 2 cyclos français, que nous avons déjà eu l'occasion de rencontrer en Chine. 

Nous visitons ensemble le Palais d'Eté et son grand parc. Évidemment, nous ne sommes pas seuls puisque les chinois ont un week-end prolongé pour le 1^er Mai, comme chez nous !

Mais vous vous demandez sûrement quand est ce que nous allons vous parler de la Muraille de Chine et de la Cité interdite ?

Malheureusement, notre passage à Pékin est assez court et il y a déjà tant de choses à voir dans la ville elle-même, que nous avons donc fait l'impasse sur le Great Wall pour nous focaliser sur les monuments du centre de Pékin !

C'est ainsi que pour notre dernier jour, nous nous réservons la visite de la Cité interdite. 

Certes il faut oublier le flot de touristes mais nous sommes bluffés par la beauté de cette grande cité aux toits dorés et aux immenses esplanades ainsi que ses ruelles qui vous amènent au quartier royaux. Un vrai labyrinthe !

Notre passage à Beijing fut aussi rythmé par la pêche aux informations concernant notre passage en Mongolie. Trouver LA gare de bus desservant Erlian, dernière ville chinoise à la frontière de la Mongolie, n'a pas été une sinécure.

Le jour du départ, après avoir acheté notre billet, le chauffeur nous indique où se trouve le bus et commence une négociation difficile où nous campons sur nos positions, observés par un petit groupe de chinois ! Après quelques coups de fils, il nous fait signe qu'il accepte nos vélos pour 100 Yuans, ouf ! Le chargement effectué, une longue attente s'en suit où ne comprenons rien du tout. Les mongols arrivent des tonnes de chargement et on ne comprend pas bien comment tout cela va rentrer dans le bus... ! Finalement, après avoir changés de bus au dernier moment et rechargés nos vélos, nous décollons après 4h de retard direction la frontière Mongole ! Il fait déjà nuit, allongés sur nos couchettes, nous n'apercevrons que brièvement les contours de la Muraille de Chine avant de nous élancer dans le désert de Gobi. 

Une halte au petit matin en plein milieu du désert nous gratifiera d'un superbe lever de soleil !

Arrivés à 8h à Erlian, nous faisons la connaissance de Jackie, un Coréen en vélo également qui nous sera d'une aide précieuse car de nombreux Mongols partent travailler en Corée et apprennent le Coréen.

Le passage de la frontière est d'une stupidité agaçante car il est impossible de la franchir en vélo. Nous devons obligatoirement charger les vélos dans une jeep Mongole moyennant finance bien sûr pour seulement 1km... 

C'est donc entasser à une douzaine de personnes dans le van, et nos 3 vélos empiler dans le coffre ouvert avec tous les bagages, que nous arrivons en Mongolie, le but initial de notre voyage ! Depuis nos premiers tours de roues, nous disons que nous allons en Mongolie, eh bien cette fois, ça y est, nous y sommes !

Cette année, sur une décision du gouvernement Mongol afin de promouvoir le tourisme, nous sommes exemptés de visa pour 30 jours et c'est donc avec un simple tampon que nous nous retrouvons sur le quai de la gare de Zamiin-Uud. 

Très rapidement, un mongol nous aborde, il a appris seul à parler anglais et c'est très intéressant de pouvoir échanger ensemble. Il nous emmène goûter une spécialité dans un resto du coin, eh bien c'est sûr que la gastronomie mongole n'est pas la même qu'en Chine, mais il va falloir s'y faire car on est là pour 2 mois !

Le train local est vraiment bon marché en Mongolie (10€ pour 15h de voyage en 2ème classe). Nous nous occupons ensuite de charger les vélos dans le wagon cargo aidés par un autre Mongol parlant le Coréen, il nous faudra malgré tout donné un backshish pour que le chauffeur accepte d'ouvrir le wagon soit-disant fermé. 

Le train ouvre ses portes à 18h et nous embarquons pour 15h de voyage à travers le désert. Les compartiments sont plus petits qu'en Chine mais reste assez confortable et le train a plutôt la classe !

Nous arrivons donc à Ulan Bator le lendemain matin après avoir de nouveau assisté à un superbe lever de soleil sur la steppe gelée. 

Nous récupérons nos vélos, roulons en direction de notre guesthouse. Ulan Bator est beaucoup plus petite que toutes ces villes chinoises, et malgré les avertissements que nous avions eu, nous trouvons qu'il n'est pas si dangereux de rouler ici, même s'il est certain qu'il n'y a pas de piste cyclable !

Nous allons rester quelques jours ici, le temps de planifier la suite de notre parcours. Vous ne serez pas surpris d'apprendre que nos plans ont une nouvelle fois changé ! Eh oui, nous avons pas mal pédalé à Pékin (avec/sans bagages) et cela nous a permis de nous rendre compte que le genou de Marie est peut-être encore trop fragile pour arpenter les steppes mongoles à vélo. Il faut bien dire que ça va mieux quand même, mais une reprise en Mongolie serait assez rude (routes chaotiques, vent, dénivelés, climat difficile), et risquerait de réactiver la tendinite. Nous préférons donc préserver les articulations pour le retour à travers l'Europe et des routes plus propices au vélo pour des re-débutants à vélo !

Pour la Mongolie, nous allons donc nous déplacer par d'autres biais, les possibilités sont nombreuses et l'objectif premier est de découvrir la steppes, les mongols et leur culture ! Alors « let's go !! ».