lundi 20 octobre 2014

On cloTurquie!

Suite à notre décision de ne pas aller en Iran, nous repartons les idées un peu floues sur la suite de notre itinéraire. Malgré tout, nous gardons le cap sur Trabzon, même si nous allions là-bas, principalement pour faire nos visas iraniens... Cette région a bien d'autres attraits et cela nous laissera le temps de réfléchir !

Nous repartons donc sur les routes de montagnes où David explose le record de la vitesse maximale qui est maintenant de 67 km/h ! La route débouche sur une vallée encaissée entre deux chaînes de montagnes où le vent s'engouffre à une vitesse folle. Profitant de cette aubaine, car il est dans notre dos, nous arrivons sans peine à une station d'essence non loin de Köse.
Le patron nous indique que nous n'avons pas besoin d'installer notre tente car nous pouvons poser nos matelas dans la cafétéria. 



La station est tenue par un seul employé qui travaille 24h d'affilée avec une demi journée de repos avant de rattaquer... le pauvre. Nous partageons nos victuailles avec lui afin de préparer une grosse gamelle ! Il a 25 ans, un enfant et peut-être une femme, mais ça ne l'empêche pas de draguer ouvertement Marie qui est, de ce fait, mal à l'aise. Nous comprenons malheureusement que nous n'allons pas pouvoir dormir tout de suite car ses amis arrivent lui tenir compagnie à coups de cigarettes et de TV à fond... 


Nous nous endormons tout de même après qu'ils soient partis, en respirant l'équivalent d'un paquet de clopes durant la nuit...

Nous sommes heureux de respirer enfin l'air frais le lendemain de retour sur nos vélos. Un col nous attend mais seulement 400 mètres de dénivelé nous en sépare. Ça monte progressivement par une route sans trafic ! L'air devient de plus en plus frais au fur et à mesure que l'on monte, la végétation change et laisse place à une forêt de pins. 


Arrivés en haut, nous enfilons assez vite des affaires chaudes pour attaquer la descente qui nous amène à Tekke, petit village un peu avant Gümmüshane, où nous pensons dormir ce soir. Mais il est assez tôt et nous avons faim, alors nous décidons de nous poser dans un abri bus pour manger notre salade. Un jeune monsieur vient à notre rencontre et nous apporte 2 pommes de son jardin pour agrémenter notre plat. Il nous apprend qu'il y a une année, il a accueillit un cyclo Allemand dans son jardin et nous demande si nous souhaitons faire de même. A votre avis, qu'avons nous répondu ?
Seulement voilà, il doit partir au travail et nous dit que nous pouvons nous poser dans son jardin. Un peu mal à l'aise, nous entrons avec nos vélos dans la propriété et nous nous faisons tout de suite aborder par une petite grand-mère au regard malicieux. Le contact passant très bien, elle nous désigne un coin pour notre tente près de la maison. Elle est rejointe par deux autres dames aussi chaleureuses, qui rigolent beaucoup en allant voir l'intérieur de notre tente. L'une d'entre elles trouve Marie trop maigrichonne à son goût (faut voir le gabarit de la femme aussi, je n'aimerai pas me prendre une mandale avec elle!). Le chef de maison (qui est en fait le père du jeune homme qui nous a invité) rentre juste du travail. Aussitôt, les trois femmes argumentent auprès du « patron » le fait que nous risquons d'avoir froid cette nuit ! C'est bon, nous aurons une chambre pour nous ce soir ! Nous lui offrons un café Turc « made in réchaud à pétrole » pour le remercier, ce qu'il a l'air d'apprécier car il boit tout ! C'est ensuite notre tour de nous faire inviter pour un petit goûter en compagnie des femmes, assis en rond au milieu du jardin. Nous accompagnons ensuite le chef de maison en ville pour aller chercher sa femme qui sort de l'usine. Nous nous cramponnons au siège car il roule assez vite !


De retour à la maison, nous nous retrouvons assis sur un canapé à parler de politique, pendant que sa femme s'affaire à trier les patates récoltés (Marie ira quand même l'aider!). Nous sommes tombés sur notre premier anti Erdogan, et pro communiste-socialiste comme il le dit lui même. Il n'aime pas l'islam non plus et il le crie haut et fort, quitte à provoquer ses proches !
La femme de son fils, qui est prof d'anglais, nous rejoint juste au moment où il faut passer à table. Nous avons l'impression que nous étions attendus tellement les plats sont gargantuesques. Et ce n'est pas un plat mais quatre plats qui nous sont servis... Nous nous retrouvons le ventre plein dans le salon à boire le çaï ! Fatigués par cette journée, nous nous éclipsons dans notre chambre pour une bonne nuit de sommeil !

Levés à 7h 30, et revigorés par un bon petit déjeuner fait maison (frites maison et boulette de viande!!), nous leur disons au revoir et un grand merci pour leur accueil spontané.
Nous traversons assez rapidement Gümmüshane et une descente nous amène à Torul après 35 kms, dernier village avant le col. Nous demandons l'hospitalité aux gérants d'une stations service qui acceptent sans broncher le fait que l'on pose notre tente dans le terrain en face mais ce n'est pas de l'avis des policiers qui nous expulsent avec délicatesse. Ok, mais on va dormir où ?
Nous sommes gentillement accueillis dans le jardin des proprio d'un resto. Un vent glacial souffle pendant que nous faisons à manger, c'est pourquoi nous allons nous réchauffer dans le resto autour d'une bonne soupe et d'une bonne bière ! Cela faisait bien deux semaines que nous n'avions pas touché à une goutte d'alcool !


Toutes nos pensées sont tournées vers le col que l'on attaque dès le lendemain de bonne heure. Plus de 1000m de dénivelés positif sont au programme. Heureusement la pente est assez douce et nous permet de faire une pause tous les 200m pour grignoter quelque-chose. 


Au fur et à mesure que nous nous élevons, le paysage devient de plus en plus grandiose en admirant les lacets que nous avons déjà gravis ! 


A 1800 mètres d'altitude, deux choix s'offrent à nous : soit prendre le tunnel de 2 kilomètres qui est plutôt étroit, ou alors continuer par une petite route non asphaltée pour décrocher les 2050m du col. Nous choisissons vite le deuxième choix lorsque nous voyons débouler les camions à vive allure à la sortie du tunnel.


Pourtant lorsque nous empruntons les premiers mètres de notre chemin, nous avons vraiment envie de faire demi-tour car nous devons pousser plusieurs fois nos vélos pour gravir quelques mètres.
Mais les paysages qui s'offrent à nous sont magiques. 


A nous la montagne verdoyante, une certaine nostalgie Suisse s'immisce en nous ! 


Nous arrivons enfin au sommet et pour fêter ça comme il le faut , nous nous offrons une fondue Turque, différente de la Suisse mais très bonne ! 


C'est revigorés que nous dévalons presque 1500 mètres de dénivelé jusqu'à Maçka.


Nous dégotons un drôle de camping, où nous sommes en fait les seuls campeurs. Notre idée est de rester ici deux nuits car nous voulons aller visiter le Monastère de Sumela, attraction touristique du coin. Au moment où nous éteignons la lumière, la fête bat son plein dans le resto du camping. Nous comprendrons le lendemain lorsque nous irons assister au concert !
Sur les conseils du patron nous faisons du stop pour nous rendre au monastère. Nous sommes pris rapidement par une famille turque qui nous dépose gentillement au pied du sentier menant au monastère. 


Ce dernier construit à flanc de falaise et creusé dans la roche, a su conserver de superbes fresques. 


Pour revenir au camping, nous renouvelons avec succès la technique du stop.

Nous partons le lendemain sous la pluie en direction de Trabzon où nous arrivons rincés et les vélos remplis de boue et de sable ! Notre Warmshower, Zéki, ne peut nous accueillir qu'à partir de 21h ce qui nous oblige à poireauter pendant 9h dans le gros centre commercial de la ville ! Nous mettons notre temps à profit afin de mettre sur la table toutes les options possibles et envisageables pour la suite de notre voyage.
21h, Zéki, notre hôte est au rendez-vous et nous conduit chez lui non loin de là. Il vit en colocation avec un autre étudiant. En arrivant, nous sommes un peu surpris car nous allons devoir partager sa chambre. Un peu mal à l'aise, nous discutons un petit peu avec lui avant de nous endormir, Marie dans le lit et David par terre !

Le lendemain, l'indécision nous reprend. Le soleil du Sud de la Turquie ou la Géorgie, un pays dont nous ne connaissons rien ? Faire demi-tour pour revenir prendre un avion à Istanbul ou aller de l'avant vers l'Est ? Nous tranchons dans l'après midi, ça sera la Géorgie qu'il pleuve ou qu'il vente !
Pour le dîner, nous cuisinons avec Zéki un bon plat de Manti (raviolis turcs) à la façon de sa mère et en dessert des crêpes bretonnes ! Zéki, étudiant en métallurgie, a ses origines dans le Sud de la Turquie et n'aime pas trop Trabzon car il trouve que les gens ne sont pas très ouverts d'esprit ici. En tant que touriste de passage, nous ne percevons pas vraiment ça car les gens veulent toujours nous montrer le meilleur.

Le jour suivant, nous décidons d'aller visiter la ville sur laquelle nous n'avions entendu que de mauvaises choses mais bizarrement nous adorons ce genre de ville où c'est un peu le bordel et où il y a de la vie ! 


Nous faisons quelques emplettes dans le bazar et David en profite pour réparer les semelles de ses chaussures chez un petit cordonnier ! Nous nous régalons dans un resto à Trabzon avant de rentrer !
Surprise ! Quand nous rentrons chez Zéki, nous trouvons un troisième colocataire : un scorpion noir, dont on ne sait pas vraiment si il est dangereux ou pas... Ça fait froid dans le dos, du coup nous partageons le lit une place pour cette nuit !!


Finalement nous resterons une nuit de plus chez Zéki afin de laver les vélos et d’essayer en vain de récupérer un colis à la poste restante de Trabzon.

Nous disons au revoir à Zéki, et nous le remercions pour son accueil et ses conseils avisés.


Nous nous embarquons sur la grosse route qui longe la mer Noire et que nous allons suivre jusqu'à la frontière Géorgienne. La route n'est pas très intéressante mais il n'y a pas tellement d'autre alternative alors il faudra faire avec pendant 3 jours !
A peine sur la route, nous apercevons au loin un cyclo avec de petites sacoches. Arrivés à sa hauteur, nous faisons connaissance avec Rémy, un Turc fan de vélo, et de sport de montagnes. Il rejoint Rize où il a son appartement, et il nous propose aussitôt de dormir chez lui ce soir ! Nous roulerons toute la journée ensemble et c'est ensemble que nous immortalisons notre cap des 5000 kilomètres ! 


Même si Rémy ne parle pas très bien anglais, nous nous comprenons et on commence aussi à se débrouiller en turc! Il habite Rize depuis 2 mois, où il a trouvé un travail au laboratoire de l'hôpital.
La route longeant la mer Noire est plate ce qui nous permet d'avaler les kilomètres sans trop d'effort et de faire quelques pauses cafés car Rémy est un fan! 


C'est dans une petite gargotte que nous sommes abordés par un autre Turc, vivant en France à Gap, et qui revient au pays voir les amis ! Il est tellement heureux de rencontrer des français ici, dans son pays natal, qu'il veut à tout prix nous inviter au resto ce soir. Nous nous donnons donc rendez-vous à Rize ce soir et nous nous remettons en route. Arrivés en bas de l'immeuble de Rémy, David dévore le paquet de gâteau car sinon il va tomber en hypoglycémie ! Heureusement car il faudra encore quelques forces pour monter les vélos au 4ème étage !
Rémy nous accueille dans son appartement, juste le temps de prendre une douche et de nous resucrer un peu que nous devons embarquer dans la voiture du monsieur rencontré à la gargotte cet après-midi : direction le centre ville pour manger à son adresse préférée ! Ne sachant que choisir, il tranche en demandant au serveur de servir un petit peu de chaque plat : Je ne vous raconte pas l'état de notre estomac à la fin du repas... ! Nous passons un bon moment tous ensemble et nous le remercions chaleureusement pour sa gentillesse.


En rentrant chez Rémy, nous ne pourrons même pas boire la bière qu'il nous avait promise tellement nous sommes rassasiés ! Nous restons le temps de nous échanger les photos de la journée et hop au dodo dans un bon lit !

Pour le petit déjeuner, Rémy nous prépare la spécialité locale : une fondue avec du fromage ! Rien de tel pour bien démarrer la journée ! Nous reprenons la route plein d'énergie en remerciant Rémy pour son accueil spontané et chaleureux !
Le temps est maussade mais il ne pleut pas, ce qui nous permet d'avancer assez rapidement jusqu'à Pazar, une petite ville qui ne nous inspire pas trop confiance, mais nous avons trop faim. Posés sur un banc, nous apercevons deux cyclos chargés mais malheureusement ils ne nous voient pas et 30 min après deux autres cyclotouristes traçant eux aussi leurs routes sans nous apercevoir. Nous voilà 6 cyclos au coude à coude !
Voyant le temps se dégrader, nous essayons de sortir de la ville afin de trouver un bivouac pour la nuit mais le temps en décide autrement et nous nous réfugions sous un garage le temps d'une grosse averse. C'est à ce moment là que nous recroisons deux des quatres cyclos. Ce sont deux anglais, en route pour les pays en « Stan », il veulent notamment faire la Pamir Highway en plein hiver, les fous !


Nous décidons de partager un petit bout de route ensemble le temps de l'accalmie lorsque la famille d'à côté nous invite à boire le çaï ! Il y a beaucoup de monde et on nous offre même des baklavas et autres pâtisseries. Il faut poser le contexte : c'est le premier jour de « Bayram », la fête musulmane qui dure 4 jours. 



A cette occasion, ils tuent un mouton ou une vache et partagent les morceaux entre toute la famille et avec les nécessiteux. Nous assistons donc au partage des morceaux qui ressemble à un vrai champ de bataille ! Nous goûtons juste à un morceau de viande au goût très prononcé avant de les quitter.
Après quelques kilomètres en compagnie des Anglais, la nuit arrivant, nous décidons de nous arrêter là car nous avons aperçu une station d'essence, eux préfèrent continuer encore un peu. Nous posons notre tente sous une vieille maison sur pilotis comme ça nous sommes protégés de la pluie !

Réveil nuageux, ce n'est pas encore aujourd'hui que nous aurons le droit au beau temps sur la Mer Noire, mais tant pis ! Comble du hasard, nous croisons cette fois-ci les deux autres cyclos, Frank, un allemand et Barbara, une Suisse Allemande qui n'ont pas arrêté de se croiser le long de l'Eurovélo 6, alors c'est à 4 que nous repartons en direction de Hopa, la dernière ville de Turquie avant la Géorgie !
Le courant passe plutôt bien entre nous 4 et nous nous retrouvons assez vite à Hopa sans s'en rendre compte où Barbara et Frank testent une spécialité du coin avant de passer la frontière.
Nous parcourons le chemin qui nous sépare de la frontière à fond car la nuit commence à tomber et nous ne savons pas trop à quoi nous attendre de l'autre côté en Géorgie mais ceci est une autre histoire !



6 commentaires:

  1. Que de belles rencontres.
    Louis et Armelle

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  2. J'ai passé les 50km/h, il va falloir que j'aille en Turquie pour passer les 60km/h!!!
    Louis

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    1. Euh plutôt 72km/h en Géorgie maintenant!! Tu as du pain sur la planche:!! Soit tu grossis un peu, soit tu charges ton vélo et tu verras l'accroche à la route en est que meilleur!!!
      Ciao

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  4. Les gens ont l'air dans l'ensemble d'être assez chaleureux avec vous, tant mieux ca doit vous faire du bien de vous ressourcer et de vous poser.
    Bonne route en Géorgie et continuez a prendre soin de vous et à profitez de votre voyage!!!
    A bientot
    Laetitia, julien, lucas

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    1. Oui c'est vrai, nous retiendrons cette hospitalité et cette chaleur de la part des Turcs! C'est un pays vraiment splendide qui restera vraiment gravé dans nos mémoires!! Pleins de souvenirs, de rencontres!
      Nous sommes maintenant en Thailande plus précisément à Bangkok dans cette ville de fous qui ne s'arrête jamais! Nous avions testé Istanbul et bien ici c'est 10 fois pire et 10 fois plus chaud!!
      Ciao

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