jeudi 22 janvier 2015

Aux portes de la Birmanie...

Reprenons nos aventures vélocipèdes après toute cette débauche de cylindrés, de poignées de gaz, de réservoir à essence s'épuisant aussi vite que les dénivelés augmentent. Place de nouveau à l'huile de coude, à la sueur, aux bruits de vitesses passant avec fluidité (ou pas!!) pour sortir de cette grande agglomération qu'est Chiang Maï, deuxième ville de Thaïlande.


Nous nous y attendions mais rouler sur un grand axe Thaïlandais n'a rien d'une sinécure... Ça roule vite et mal, ça klaxonne, ça déboîte n'importe comment ou bien ça se gare sur une voie d'autoroute sans avoir l'impression d'énerver tout le monde (ou tout du moins les petits cyclistes comme nous...).
Heureusement Marie, la copilote, déniche une petite route parallèle à la 1001, digne d'une voie cyclable. 


Certes, nous faisons le double des kilomètres prévus sur une route serpentant dans une vallée agricole mais au moins nous sommes moins stressés et c'est beaucoup plus agréable! Nous rejoindrons la 1001 plus loin, mais cette fois-ci c'est beaucoup plus tranquille et tant mieux car c'est ici que les choses sérieuses commencent. Ce ne sont pas les dénivelés de notre boucle effectués en scooter, mais nous transpirons bien jusqu'à rejoindre Ban Paï Maï, village Hmong.
Ici, aucun moyen de poser la tente, le village ne ressemble à aucun autre village Thaïlandais. Tout y est quadrillé avec une maison sur chaque parcelle mais aucun emplacement pour notre tente si bien que nous nous résignons, après avoir négociés avec le truand de proprio du homestay, une place pour notre tente pour 250 baths, le même prix qu'une chambre en Thaïlande, mais bon la nuit va tomber dans peu de temps et il nous faut un endroit pour dormir.


Réveil brumeux...
En graissant les chaînes de vélos, nous nous apercevons que le pneu arrière de Marie présente désormais une énorme hernie... Rappelez-vous, c'est ce même pneu qui avait été troué par un vieux clou rouillé il y a 2 mois. La réparation de fortune avait tenu jusque là mais cette fois-ci, nous n'avons d'autre choix que de le remplacer, heureusement que nous en avions un de rechange...

De retour sur la route vers Phrao, nous ne distinguons pas les cimes des montagnes nous entourant de chaque côté tellement le plafond est nuageux et menaçant. Bizarrement dans cette région, nous sommes étonnés de voir plusieurs églises sur notre chemin. Le toit d'une gargote, à 12h, tombera à pic lors d'une averse.
Occupés à déguster une bonne plâtrée de riz surmontée d'une omelette, nous ne prêtons pas tout de suite attention à la TV qui est allumée. Mais lorsqu'au infos Thaï, nous entendons parler de la France et apercevons de nombreux « Farangs » brandissant une pancarte où il est écrit « Je suis Charlie », ainsi que des hommes du GIGN lourdement armés en plein Paris, François Hollande l'air grave, nous pouvons vous dire que ça fait un peu peur de voir ça de loin surtout quand on ne comprend rien de ce que raconte la TV : Euh c'est la guerre en France ?
Heureusement, nous disposons d'un petit forfait internet sur le téléphone, qui nous permettra de suivre au jour le jour le fil de cette histoire macabre...


Mais pour le moment, nous sortons de Phrao avant de nous diriger sur la sinueuse route 1346, où nous commençons à chercher un endroit pour bivouaquer. Un panneau indiquant des sources d'eau chaude attise notre curiosité. Quel choix judicieux!!


Une eau fumante et bouillonnante, à tel point que les Thaïs viennent y faire cuire leurs œufs (ce qui explique peut-être l'odeur?!), coule de bassin en bassin afin de la refroidir. Les 4 derniers bassins permettent de barboter tranquillement ce que nous faisons avant que la pluie ne s'invite au rendez-vous. Cette pluie sera tenace et durera pendant plus de 24 heures, nous clouant sur place car nos affaires de pluie sont chez l'oncle à Marie... Eh oui, nous si on nous dit que c'est la saison sèche, on ne prend pas nos affaires de pluie !


Mais pour l'instant, on n'en a que faire, nous avons monté la tente à l'abri, disposons de l'électricité, de lumière, de sanitaires, de table, de chaises et en prime de bains bouillonnants en libre service !
A la nuit tombée, nous profitons pour retourner nous baigner dans les bassins d'eau chaude pour nous réchauffer et nous laver en même temps !


Le réveil à 6h30 est repoussé à 9h car la pluie ne se calme pas. Nous irons nous ravitailler dans 2 minuscules boutiques dans le village en contrebas, armés de notre parapluie branlant ! 


Vers 18h, l'humidité est partout transperçant nos vêtements, et il fait frais, si bien que nous retournons faire trempette avant d'aller nous coucher en espérant que le lendemain soit plus ensoleillé...


Réveil nuageux et légère pluie, mais tant pis, nous quittons notre superbe spot par les routes de montagnes. 


Premier virage, première stupéfaction, premier mur en face de nous, pied à terre obligé, un panneau avec une tête de mort annonce les hostilités.... 


Même en poussant les vélos à deux, cette montée nous coupe les jambes mais ce n'est que le début. Nous continuons à pousser chacun notre vélo si bien que nous ne savons plus si nous avons chaud ou froid car le plafond nuageux est à notre hauteur et l'humidité omniprésente.
Nous aimerions bien amener un Turc ici pour leur montrer comment faire des tunnels...Mais non les Thaïs, eux, tracent leurs routes tout droit sans se soucier du degré de la pente, à croire que leur civilisation est née dans des Pick-ups !


Un jeu avec les montagnes russes commence, mais heureusement les paysages sont fabuleux, même avec des nuages, sur les 35 kilomètres qui nous séparent de la route principale. 


Bizarrement celle-ci sera plate jusqu'à Chai Prakan où nous avons décidé de dormir ce soir.
Nous trouvons une pension pour la nuit et par une heureuse coïncidence, nous tombons sur notre légende du cyclisme en Thaïlande, Lumpini, un français !!! Il ne nous connaît pas mais nous oui : nous avons étudié notre itinéraire en Thaïlande grâce à ces nombreux conseils sur Voyageforum et sur son blog ! C'est un des premiers Farangs rencontrés parlant couramment Thaï, d'ailleurs il roule avec un ami Thaï pendant une quinzaine de jours dans le Nord de la Thaïlande. Il est vraiment passionné de vélo et nous aide à faire refaire quelques réglages sur les notre. Nous les retrouvons le soir autour d'une bonne soupe mais notre Lumpini n'est pas invincible, quelques dérangements les obligent à rentrer plus tôt que prévu...

Le lendemain, notre étape s'arrête à Thaton après avoir bifurqués encore sur de petites routes parallèles. 


C'est de là que nous prendrons un longboat pour descendre la Mae Nam Kok jusqu'à Chiang Raï ce qui nous évite de gros dénivelé. 


Cela fait longtemps que nous avions envie d'expérimenter ce moyen de locomotion et bien nous avons été récompensé !


Les chauffeurs calent nos vélos à l'avant du bateau avec nos sacoches et nous embarquons à 10 personnes, au ras de l'eau, pour une belle descente de 3 heures sur cette rivière serpentant au milieu des montagnes. 


Quelques rapides pimenteront un peu le voyage mais nous arrivons sain et sauf à Chiang Raï où nous ne nous attarderons pas longtemps.

La route pour Mae Saï est un gros axe routier inintéressant que nous n'avons pas le choix d'emprunter car cette fois-ci aucune route parallèles n'existent, à moins de faire d'énormes détours...Nous effectuerons tout de même nos 8000 kms juste devant les premières montagnes délimitant la frontière avec la Birmanie.


Nous dénichons tant bien que mal une petite chambre dans cette ville-frontière avec la Birmanie. C'est étonnant, vu d'en haut, on dirait qu'il n'y a pas de frontière et pourtant, les différences entre ces 2 pays sont nombreuses.


Un vent glacial nous saisit au night-market si bien que nous rentrons assez vite nous coucher avec une certaine appréhension quant à notre passage en Birmanie le lendemain... A vrai dire, nous n'y croyons plus trop. Un autre cyclotouriste s'était vu interdire l'accès aux routes rejoignant Kengtung il y a un an. Mais sachant que le pays s'ouvre un peu plus chaque jour, nous disposons d'une infime chance de rouler 200 kilomètres en territoire Birman. Et puisque nous sommes maintenant aux portes de ce pays, nous allons tenter le coup.

Nous atteignons assez rapidement la frontière Birmane séparée du sol Thaïlandais par un pont enjambant une rivière. Changement de régime, ici place à la flicaille corrompue et aux militaires contrôlant tout le pays... 


Pourtant nous y avons cru lorsque les deux flics à la douane, en charge de nos passeports, parlementeront assez longuement quant à la possibilité de rallier Kengtung en vélo, mais malheureusement, la sentence est irrévocable : la route pour Kengtung nous est interdite d'accès à moins de prendre un bus mais ensuite aucune possibilité d'aller plus loin...
Têtus comme des Bretons, nous voulons nous en assurer de nos propres yeux !! 20 kilomètres plus loin, un énorme check-point tenu par les militaires brisent nos rêves de voyage en Birmanie...


Retour à Tachilek, ville frontière, en passant par son marché où nous avons pu goûté à un échantillon de la gastronomie Birmane. Eh bien, on peut vous dire qu'ils pimentent autant que leurs voisins !!


Notre passage en Birmanie aura donc été bref, et nous aurions aimé en voir davantage dans ce pays, qui semble très différent de la Thaïlande. Dès le passage de la frontière, nous avons noté des différences flagrantes : les femmes maquillées d'un masque blanc, les hommes portant une sorte de pagne, plus de visages typées hindous, et bon nombre d'entre eux mâche du bétel, une feuille qui colore les dents en noires et qui donne une couleur rouge à la salive, dont les crachats maculent la chaussée. Mis à part les militaires, les birmans nous ont aussi semblé sympathiques, mais nous n'en verrons pas plus cette fois-ci... Nous sommes un peu déçus certes, mais le plus grave ce n'est pas pour nous mais pour les gens qui vivent au quotidien avec cette pression militaire.

Nous retrouvons donc notre chère Thaïlande pour un 3ème mandat de 30 jours ce qui n'est pas pour nous déplaire non plus ! Nous commençons à y avoir nos habitudes, tout y est facile que ce soit pour la nourriture, le logement. Deux bémols : la communication entre nous et les Thaïs qui n'est pas toujours facile et les dénivelés des routes montagneuses qui sont très raides !!

Nous dénichons une autre Guesthouse du côté Thaïlandais (moins cher qu'en Birmanie) ainsi qu'un scooter pour une journée... Quoi encore un scooter ?!! 


Eh bien oui, puisque nous avons du temps en Thaïlande, nous en profitons pour aller faire un petit tour au Doi Thung par une route escarpée et sinueuse à la frontière avec la Birmanie où les militaires sont omniprésents. 


Un belle-îlois en moto rencontré sur la route, nous explique, pour l'avoir faite il y a 4 ans, que les chars d'assauts se faisaient face et le contrôle des passeports était plus rigoureux ! 


Maintenant que la tension est plus apaisée, nous pouvons apprécier les paysages Birmans mais du sol voisin... C'est effectivement très joli mais de nouveau, impossible avec un vélo chargé !
Nous visitons un joli temple perché en haut d'un sommet avec un gong énorme que nous nous amusons à faire retentir.



De retour à notre Guesthouse, nous peaufinons notre itinéraire qui passera par les montagnes Thaïlandaises mais cette fois-ci en longeant la frontière Laotienne ce qui nous permettra de retrouver le Mékong délaissé depuis le Cambodge, mais ceci est une autre histoire !

8 commentaires:

  1. Toujours aussi intéressant de vous lire, c'est dommage que vous n'ayez pas accès à la Birmanie, ce doit être un très joli pays.
    Bon courage pour la suite.
    Bisous des Méaugonnais.

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    1. Merci à vous la famille Méaugonnais!! oui on reviendra en Birmanie en tant que vrai touristes sac au dos mais avec les vélos cela aurait été trop difficile et trop cher pour notre porte monnaie...
      Allez ciao

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  2. merci encore pour ces bons moments d'évasion que vous nous apportez, dommage pour la Birmanie on aurait pu se rencontrer, nous y serons le 06/0215, Annick et Gilles

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    1. Bah ouais, dommage que la Birmanie nous a fermé ses portes à cause de la Junte militaire... Mais enfin grâce à eux nous avons pu découvrir une Thaïlande montagneuse, généreuse en superbes paysages. Elle nous a bluffé et pourtant cela fait notre troisième mois dans ce pays!!! Bonne vacances en Birmanie, si vous avez acheté le Lonely Planet, essayez donc de ne pas donner tout votre argent à l'état...mais aux habitants!
      Je pense que vous allez vraiment aimé ce pays car rien que notre petite insertion nous a montré une belle facette!!
      Ciao

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  3. 8000km: vous rappelez-vous vos 1000 puis 2000 puis 3000... Bisous et continuez à faire des kilomètres en nous les faisant partager.
    Louis et Armelle

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    1. Alors les 1000 en Suisse vers Lausanne, les 2000 en Croatie sur la Parenzana, les 3000, euh on ne sait plus..., les 4000 en Turquie, les 5000 aussi en Turquie avant la Géorgie, les 6000 en Thaïlande, les 7000 au Cambodge, les 8000 en Thaïlande!! Alors fouillez dans les archives et redites nous!!! lol!
      Ciao

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  4. Hi Marie and David, it was nice meeting you the other day at your lunch spot. We took your advise and camped at the look out at Phu Chi Fa, a fantastic starry night with fire flies as well! Chilly but gorgeous morning to see the fog roll in over the little Lao village. Nice reading your blog and knowing we have been to some of the same places, take care, safe and happy cycling, Rose and Trevor, New Zealand

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  5. Encore de superbes photos !!
    Je suis en train de rattraper mon retard ! Je lis vos derniers articles ! Ils était temps me direz vous ^^
    C'est marrant sur les photos où vous mangez on dirait tjs que vous avez 40 assiettes devant vous ! Vous ne risquez pas de maigrir ;)
    En espérant vous avoir sur skype dimanche, je vous prie d’agréer ma soeur, mon beau frère, mon amour le plus sincère !
    (AHAH je suis toute seule ajd dans le magasin de beauregard et je pense que ça me rend un chouilla folle de ne pouvoir parler à PERSONNE) !!
    Bisouuus
    Anne-Laure

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