samedi 17 mai 2014

De Saint Nazaire à Orvault raconté par Yann et Marie


"Voyage de Marie et David, deuxième étape."

Qu'il est difficile de s'extraire de la torpeur du lit ce matin. Le repas et l'accueil chaleureux de Vincent et de Charlotte hier au soir nous ont garantis une excellente soirée. Au programme : poulet mariné aux épices, ailes de poulets pimentés, le tout grillé au barbecue, et une poule mijotée dans son jus parfumé au combava. La carte est alléchante. Croyez moi, nous nous sommes régalés. Après quelques parties de cartes et un dessert confectionné par le chef Delaplace (sans jeux de mots), direction le dodo. Demain, nous attend une belle épreuve.

Nous profitons du petit déjeuner, tranquillement,...
...puis nous nous préparons pour une longue étape. Nous devons en effet relier Saint Nazaire à Orvault soit un trajet de 80 kilomètres. C'est au moment prévu par météo france que la pluie se manifeste. Elle ne nous quittera plus de la matinée. 
Hop, à cheval! Petite pause chez la maman de Marie B. pour nous équiper, elle et moi, un peu plus correctement.  


David et Marie sont vêtus de Kways, de pantalons de pluie et de protèges chaussures ; pas nous. Enfin, nous voilà partis. La pluie ne discontinue pas, elle change juste d'intensité. Nous nous réchauffons le long du front de mer, traversons la zone qui accueille "Les escales", le festival nazairien bien connu des amateurs de musique du monde. La pluie nous accompagne le long de cette zone industrielle qui précède le passage du pont. Elle crée un tel brouillard liquide que nous ne devinons la silhouette de l'ouvrage que lorsque nous sommes tout près. 

Le panneau lumineux, sombre augure, annonce un vent fort à nos amis automobilistes lorsque nous nous engageons sur la piste cyclable du pont. Je fixe mon regard sur les deux petites langues "rolling stone" décorées façon bzh qui ornent le garde boue de David et mouline comme un furieux dans sa roue. Les filles nous suivent de très près. Avec le vent, le bagage de nos deux globe-trotters leur joue des tours et j'observe plus d'une fois, la lutte pour maintenir le vélo de tête dans le droit chemin. Je ne suis pas à la fête moi non plus. Mais le pire n'est pas le vent qui nous cingle de gouttes de pluies, mais son absence créée par les piles du pont. Ces brusques trous d'air nous font faire des écarts traitres. Enfin, nous voilà au sommet. Se présente la descente que nous prendrons à pied. Il nous aura fallu une bonne heure pour en finir avec ce pont. Un bon point toutefois, nos affaires sont sèches, grâce à tout ce vent.


Nous croisons deux autres vélo-trotters, aux grandes ambitions eux aussi. Partis de Quintin, dans les côtes d’Armor, ils roulent pour une cause: 1 km = 1 euro contre la sclérose en plaques, et ce autour de France. Nous échangeons les coordonnées des blogs respectifs et roulez jeunesse. La légende est vraie, quelques kilomètres après notre passage en Sud Loire, au long des petites routes nationales, le mauvais temps nous aura quitté. Les éclaircies nous accompagneront jusqu'à la fin. 
Nous suivons la Loire et notre itinéraire nous fait suivre le début de l'Euro vélo 6, piste vélo qui s'en va jusqu'en mer noire. Nous roulons dans la campagne bucolique, croisons chevaux, vaches et même un magnifique rapace qui nous fixe, placide, serein sur un poteau de clôture. Nous passons par Corsept, autre lieu festivalier, avant d'obliquer vers Paimboeuf, où nous pensons pouvoir manger. Lorsque nous entrons dans la ville, une analogie avec le western me vient à l'esprit. La ville est morte, plusieurs commerces sont à vendre et ceux qui ne le sont pas sont fermés. Il ne reste qu'un saloon, pardon, bar pmu qui est ouvert où une cliente fort bavarde et fort alcoolisée nous indique la direction opposée pour un repas. Il ne manque plus que les buissons qui traversent la rue pour le tableau soit complet car nos selles nous font déjà bien mal au séant. La seule "cantina" ouverte est le Super U du coin qui nous abritera du vent frais, le temps d'un saucisson et de comté pour égayer le traditionnel sandwich au jambon. 


Retour dans les petites routes, sinueuses à souhait où nous croiserons des amis de Lise et Olivier Thobie, que nous avons rencontrés au mariage des ces derniers. Nous approchons du canal de la Martinière, et nos derrières, à Marie B. et à moi, sont douloureux à souhait. Charitables, David et Marie, nous proposent d'échanger et ainsi de tester leurs vélos. Commence alors une toute autre odyssée, le long de ce canal rectiligne et monotone, troublée seulement par l'observation d'un nid de cigogne. 


Nous avons la sensation de sauter d'une chaise raide et bien inconfortable à un fauteuil en cuir confortable, pas moelleux, mais qui vous met bien à l'aise. Le trajet devient vivable. David ponctue d'un: " Je ne sais même pas comment tu as pu faire autant de kilomètres là-dessus! ".



Cette journée n'aurait pas été complète sans un aléa technique, une crevaison, brillamment surmonté par David. Les deux petites dames qui attendent le passage du prochain bac au Pellerin, surprises lorsque nous leur apprenons la destination finale de nos loulous, nous encouragent. 


Nous traversons Couéron, puis nous retrouvons les grands axes roulants. David regrettait que nous n'ayons pas pu nous rendre compte du poids de chargement de leurs vélos en côte; c'est chose faite. Prendre de l'élan est presque vain. Nous moulinons donc en observant les deux sportifs s'envoler à chaque côte sur nos vélos. Ce sera la fin du test pour moi. Je retrouve ma monture, sa selle en bois, et sa légèreté incomparable. Nous approchons à grand pas de la ville d'Orvault et nous sentons la fatigue nous rattraper. Il est presque 20h lorsque nous trouvons la maison, l'accueil chaleureux de la famille de Sylvie et d'Edwin, et le confort d'une douche, d'un festin et d'une nuit de sommeil réparatrice.


Ceci ne marque pas la fin de notre périple car nous suivrons demain les vélo-trotters, mais en train et à pied, le long de la Loire près d'Ancenis.


Nous ne poserons presque plus jamais les fesses sur ces vélos puisqu'il s'agit là, en quelque sorte, d'un baroud d'honneur. Offerts par nos parents à 16 ans en ce qui me concerne et 14 pour David, il se sont avérés trop petits pour de longs trajets. Nous nous en séparons donc et les confions aux bons soins de Charlotte et Adèle, les soeurs de Marie B. 


Quelle étape! Je ne me souviens pas avoir couvert une telle distance! 80 kilomètres en une seule journée. Mais quel souvenir! Le pont de St Nazaire, presque un défi sportif que j'ai été heureux de pouvoir relever. J'en suis fier! Profitez de ces moments, de ces pays, de ce fabuleux voyage. Je vous embrasse fort. Je vous aime.

Yann

Alors les amis, malgré la difficulté du parcours c'était un plaisir d'avoir pu faire ce petit bout de chemin avec vous, de vous avoir accompagné pendant les premiers tours de roue. J'emporte ces souvenirs, loin, avec moi. Je vous prie de faire attention mais aussi de profiter au maximum de cet extraordinaire voyage. Je ne pensais pas vivre un tel chagrin à votre départ. On aura bien profité des uns et des autres ce dernier mois. A bientôt je ne sais où... Gros Bisous

Marie B.

8 commentaires:

  1. lLouis et Armelle18 mai 2014 à 12:21

    David et Marie, vous aviez un reporter de haut niveau. Vous auriez du le garder. David, ne t'inquiète pas, nous n'arriverons jamais à raconter aussi bien nos périples. Bon voyage. Grande Marie, leurs départs et le votre maintenant pour la Nouvelle-Calédonie doivent être durs à gérer. Ne vous inquiétez pas, nous irons vous voir et nous ne vous laisserez pas sans nouvelles. Bisous à vous 4. Nous vous aimons très fort.
    Louis et Armelle

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    1. Merci les parents pour ce message qui fait chaud au coeur. Il est vrai que le deuxième article a été dur à rédiger après la prose de Yann mais je crois qu'on s'est bien débrouillé! J'ai écrit le gros et Marie a peaufiner en rajoutant sa patte!!
      On s'appelle demain pour la fête des mères et l'anniv de maman. Et nous serons alors en Suisse et oui nous avons voulu éviter le Jura car mon tendon me refait un peu mal. Donc nous allons passer une semaine de repos à Gland chez nos fidèles colocataires!!!
      Je vous aimes aussi!!
      David

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  2. Des bisous ! C'est trop chouette de vous suivre !

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    1. Merci, nous espérons tenir nos lecteurs captivés encore un bon moment! Gros bisous!! Marie.

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  3. La prose est belle et le défi aussi. Bonne continuation
    Bises

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    1. Merci pour le commentaire, la prose est de mon frangin mais le deuxième article est de nous deux! Vous ferez la différence!!

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  4. Bonjour Marie et David,
    Nous avons roulé ensemble sur la Vélocéan, le mardi 13 mai, pendant une trentaine de km. Ce fut grand plaisir de partager nos projets et nos informations techniques.
    Je vous souhaite bonne route vers votre lointaine destination.
    Pour ma part, je suis ce soir au pied des Pyrénées.
    Buen camino comme on nous dit ici.
    Claude.

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    1. Bonjour! Effectivement c'était un plaisir de faire votre connaissance. Les kilomètres pédalés ensemble sont passé très vite car nous étions en bonne compagnie! Nous avons vu que vous avez bien roulé depuis et que vous avez passé la frontière espagnole, beau périple, bravo! Les 2 semaines de vacances qui suivent en Espagne seront bien méritées et appréciez certainement! D'ici là Buen camino, si c'est la devise!

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