De Phnom Penh aux Montagnes des Cardamomes

Nous sommes restés trois jours à Phnom Penh, capitale du Cambodge regroupant une bonne partie de la population du pays à savoir 1,5 millions de personnes dans un pays qui en compte 12 millions.

Durant notre passage à la capitale, nous sommes hébergés par Saphy, un français d'origine cambodgienne que nous avions rencontré à Bangkok. 

Il fait de la musique et se produit dans différents pays d'Asie. Merci à lui de nous avoir accueilli !

Le lendemain de notre arrivée, on se rend vite compte de la circulation anarchique où se mêle les moto-dops (taxi-moto), les tuk-tuks, les Pick-up, les « motos-restaurant », les vendeurs en motos de boissons fraîches que l'on repère avec leur mélodie pour attirer le client ! Seuls quelques feux tricolores aux gros carrefours arrivent encore à faire régner un peu d'ordre, pour le reste il faut se faufiler et se faire une place au milieu de ce flot de véhicules !

Non ce n'est pas Bangkok et c'est ce qui nous plaît dans cette ville car on peut la traverser et la visiter à pied même si les voitures, les gargotes, les travaux grignotent le trottoir.

Phnom Penh nous permet également de nous mettre à la page en ce qui concerne le triste passé des Khmers Rouges, en visitant Tuol Seng. 

Cet ancien lycée français transformé en prison, plus communément connu sous le nom de S-21, où l'on torturait toute personne susceptible de s'opposer au régime. 

Le port de lunettes suffisait à être torturé... Entre 1975 et 1978, des familles entières seront exterminés dans des prisons de ce genre ou alors transférés dans des camps d'extermination un peu partout dans le pays... Au total, c'est un quart de la population cambodgienne qui sera décimée durant cette période.

Mais qui sont les Khmers Rouges ?

Oula, difficile question tellement cette période est floue. Le Cambodge devenu indépendant après le retrait des français, est pris en étau entre les Américains et les Vietnamiens. Ces derniers s'infiltrant dans le pays par la piste Hô-Chi-Minh pour prendre les Américains à revers, sont déloger à coups de Napalm laissant une ouverture à toute anarchie. C'est ainsi qu'une dictature soutenue par les Américaines s'instaure au Cambodge avec à sa tête le Maréchal Lon Nol que la guérilla des Khmers Rouges renversent peu de temps après. C'est après que ça part en cacahuètes...

Les Khmers Rouges, dirigés par 4 têtes pensantes dont Pol Pot, annoncent l'année zéro, date à laquelle les villes sont vidées de leurs habitants afin de les déporter vers les zones rurales où ils travailleront de force pour assurer l'autosuffisance alimentaire du nouveau parti. Idéologie proche du communisme mais qui ressemble à s'y méprendre à la déportations des Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. La population est triée en 3 catégories : les intellectuels et les militaires sont immédiatement exterminés, reste le peuple qui se retrouve à travailler de force pour le bien du Cambodge...

Un personnage tristement célèbre, Dutch, sera le gérant tortionnaire de la Prison S-21 où l'on interrogeait (comprenez torturer) les détenus afin qu'ils avouent des délits qu'ils n'avaient aucunement fait... Les tortures étaient le plus souvent effectuées par des enfants de 10 à 14 ans.

Le musée en offre une reconstitution poignante de cette sombre période. On peut y voir notamment les cellules, les lits qui étaient électrifiés, les confessions des détenus. 7 détenus ont pu se sauver de cet enfer permettant de ne jamais oublié cet horreur...

Mis à part cet essentiel retour sur la période des Khmers Rouges, nous profitons de notre passage à Phnom Penh pour faire notre rappel de vaccination anti-rabique à l'Institut Pasteur où tout le monde parle Français !

Nous pourrons également déambuler dans les différents marchés couverts, l'occasion de goûter rouleaux de printemps, bananes frites, et un dessert bizarre mais succulent !

Mais nous commençons à avoir la bougeotte, et l'appel de la route est plus fort. Nous quittons Saphy avec qui nous avons passé 3 jours bien sympa !

Nous emprunterons la NH3 sur une quarantaine de kilomètres avant de bifurquer sur une route parallèle moins fréquentée. A l'horizon, nos premiers reliefs annoncent les prémices des Cardamones.

Nous testerons de nouveau l'hospitalité dans un temple, où dans un premier temps les moines ne captent rien à notre demande. Heureusement le plus ancien accepte tout de suite et demande à ce que l'on nous installe une paillasse pour la nuit ! Notre installation est supervisée par tous les enfants du coin ! Ce n'est pas l'Inde mais c'est quand même un peu oppressant ! 

Jusque là, nous n'avions pas eu de contact avec les moines qui attendront le moment où nous couperons la lumière pour braquer la leur sur notre moustiquaire afin de communiquer !! Nous avons décidément du mal à comprendre comment fonctionne ces moines !

La route sinue entre les rizières et les collines avant de déboucher de nouveau sur la NH3, où nous retrouvons par hasard les deux cyclos Français, Frédérique et Daniel avec qui nous partageons le repas de midi et les derniers kilomètres jusqu'à Kampot où nous serons voisins de chambre !

Ils ont baroudé dans pas mal de pays que ce soit en vélo ou caméra sur l'épaule pour la création de documentaire. Maintenant, ils n'ont qu'un petit appareil photo mais surtout des milliers de croquis ! Ça nous donne envie de nous mettre au dessin !!

Nous passerons une journée à Kampot, où nous nous mêlons aux autres touristes blancs venus goûter au célèbre poivre de Kampot. Nous n'y goûterons pas car à 7$ le plat, nous irons plutôt au marché de nuit manger un bon « bobor » (soupe de riz avec du poulet) accompagné d'un shake de fruits et légumes !

Romain, un ami, nous avait conseillé la visite des marais salants mais il nous avait prévenu et effectivement la piste est vraiment défoncée ! 

Nous continuons la piste jusqu'au bout car nous savons la mer proche. Après 10 kilomètres sur une piste chaotique, la mer se dévoile à nos yeux, nous l'avions quitté en Turquie ! 

Le vent assez violent lève des moutons d'écumes aux sommets des vagues, au loin les îles Vietnamiennes, derrière nous une colline à la végétation luxuriante. Un petit paradis sur terre, mais pour combien de temps encore... ?

Nous luttons contre le vent pour revenir à Kampot où nous rencontrons d'autres Français intéressés par notre voyage, puisqu'ils envisagent de partir voyager à vélo aussi.

Le soir, nous retrouvons Frédérique et Daniel pour manger à notre adresse préférée au Night Market où nous échangerons chacun nos impressions de voyage !

Juste avant de nous coucher, une mauvaise nouvelle tombe sur nous comme une chape de plomb, nous empêchant de dormir par la suite : Irène des Cyclomigrateurs vient de se fracturer 2 vertèbres en montant sur un chameau en Inde... Rapatriement en France oblige, le moral n'est pas trop au beau fixe mais ils ont déjà des projets pour rebondir... Nous pensons bien à eux et prenons conscience que le voyage peut vite s'arrêter, raison de plus pour en profiter à fond, tout en restant prudent.

Le lendemain, nous levons le camp et quittons nos deux voisins de pallier qui nous offrent une résistance électrique permettant de faire chauffer notre thé sans utiliser notre réchaud, astucieux !!

Vent dans le dos, nous nous éloignons assez vite de Kampot en longeant l’impressionnante chaîne du Bokor ,et traversant de nombreux villages de pêcheurs ,qui nous amène au carrefour avec la NH4 en direction de Sihanoukville. 

C'est l'anniversaire de la sœur de Marie, alors nous nous arrêtons dans une Guesthouse afin de les avoir sur Skype.

La NH4 est un enfer si vous êtes un cycliste, pourtant elle est bien asphaltée, mais le croisement incessant de camions citernes nous oblige à emprunter le bas côté qui s'avère être une piste de terre...N'oublions pas un vent de face à décorner les bœufs..

Heureusement, notre calvaire se termine lorsque nous bifurquons sur la R48, route de montagne qui va nous faire traverser le Sud des Cardamomes. 

Notre étape s'achève à Sre Ambei, village où règne une bonne ambiance de Cambodge, dans une Guesthouse rustique mais correcte.

Nos rêves sont bercés par le vent qui souffle en rafale rafraîchissant les températures, avant de continuer notre route qui devient de plus en plus vallonnée.

Petit aparté, David va recevoir une troisième selle car la sienne devient de plus en plus inconfortable... ses fesses ne doivent décidément pas être faites pour la selle Brooks, pourtant plébiscitée par de nombreux voyageurs ! En attendant, il devra être patient car on ne la récupérera que dans 2 mois, lorsque nous repasserons chez Jacques, l'oncle à Marie. Espérons que celle-ci soit la bonne !

La route jusqu'à la frontière est découpée en tronçon de 40 kilomètres à intervalle desquels se trouvent les seuls villages du Sud des Cardamonnes (il y en a d'autres mais il faut s'enfoncer dans la montagne bien évidemment ). Nous calons donc nos étapes sur ces villages et arrivons assez vite à Andoung Teuk pour poser nos affaires dans une guesthouse très sommaire. 

Un superbe coucher de soleil sur le pont enjambant la rivière ponctue la soirée avant de rentrer à notre chambre pour la nuit.

Seulement voilà, une ou plusieurs PUTAIN de souris sont venus fouiner dans nos sacoches, causant d'énormes dégâts. Nous avions testé les fourmis rouges et bien les souris remportent la victoire haut la main. 

Le lendemain, nous essayons tant bien que mal de mettre de Duck-tape pour combler les trous, en espérant que cela tienne, mais nous craignons qu'elles ne soient plus vraiment imperméables...

Les quarante kilomètres jusqu'à Trapeang Rung nous rappellent que nous sommes dans un parc national où nous pouvons croiser à tout moment...des éléphants mais même en les cherchant bien, nous arriverons bredouille au resto faisant office de bureau de tourisme. 

Dans ce village et le précédant sont montés des projets d'écotourisme, impliquant les habitants qui accueillent les touristes chez eux. Nous dormirons donc chez une famille du village ce soir dans un environnement très reposant.

Malheureusement, dans la soirée, Marie commence à se sentir patraque, nous espérons qu'une bonne nuit de sommeil la remettra d'aplomb.

Le lendemain, son état est un peu mieux mais ce n'est pas la grosse pêche tout de même. Comme nous devions nous engager dans la partie la plus montagneuse du parcours, nous préférons jouer la sécurité en prenant un véhicule jusqu'à Koh Kong. Les deux jeunes filles responsables du projet d'écotourisme nous aident à arrêter un un mini-van, dans lequel nous embarquons avec nos vélos ! 

La camionnette n'est pas toute jeune et fait un sacré bordel : même en 1ère, elle galère vraiment dur pour atteindre le sommet des collines. N'ayant croisé que deux petits villages sur la route jusqu'à Koh Kong, nous sommes bien contents d'avoir choisi cette option.

Koh Kong, ville frontalière avec le Thaïlande, où la prostitution et les casinos sont omniprésents. Nous nous contenterons donc de trouver une chambre correcte permettant à Marie de recharger les batteries.

La ville ne présentant pas de grand intérêt, nous la quittons le lendemain en direction de la frontière avec la Thaïlande où nous avons de nouveau droit à 30 jours sans visa, youpi !

Fini le Cambodge, un pays étonnant que nous avons apprécié parcourir, retour sur le sol thaïlandais avec son bel asphalte et ses picks-ups. Nous regretterons déjà les « hello » et les « bye-bye » des enfants cambodgiens mais la Thaïlande nous réserve d'autres surprises que nous avons hâte de découvrir !

Un deuxième séjour en Thaïlande, pourquoi ? Et bien c'est ce que vous saurez dans les prochains épisodes !!

A bientôt !

PS: Les photos du Cambodge sont dorénavant consultable dans l'onglet "Les Photos" ou ici, c'est plus rapide: Les photos du Cambodge