Sur les traces d'Angkor

Après ces bons moments en famille, et ces quelques jours de repos, il est temps pour nous de reprendre la route. Jacques, l'oncle à Marie, nous transportent vers Udon Thani, ville où nous voulons prendre un bus en direction de Nakhon Ratchasima, un peu plus au Sud.

Nous avions testé pour vous le train thaïlandais mais le bus est aussi sportif en ce qui concerne le chargement des bagages ! Après avoir négocié un bon prix, tout s’enchaîne trop vite pour nous. David se retrouve dans la soute après avoir chargé la moitié des affaires et un seul vélo, tandis que le bus commence à démarrer. Quant à Marie, elle est dans le bus avec l'autre moitié des affaires mais le deuxième vélo n'est toujours pas chargé... Nous aurons à peine le temps de dire au revoir à la famille et de vérifier que nous n'avons rien oublié que nous voilà partis !

Arrivés à Nakhon Ratchasima vers 20h, nous allons directement prendre une chambre dans une Guest House genre parking sous-terrain... Mais David arrivera à skyper avec sa grand-mère, une grande première pour elle, trop drôle !

Nous avons 5 jours pour faire 300kms avant le terme de notre visa, alors nous ne tardons pas trop seulement il nous faut trouver des dollars avant de quitter la ville car le visa cambodgien se paye en dollars... et trouver des dollars dans cette ville est quasi mission impossible ! Après 1h30 à tourner dans la ville auprès de toutes les banques, nous dénichons un billet de 100 $ à la Bangkok Bank.

La suite n'est pas très intéressante, 50 kilomètres avalés avant le repas du midi sur une route plate et circulante avant de bifurquer sur une route plus calme mais défoncée ! Elle débouche sur un petit village et il ne doivent pas voir des Farangs cyclistes tous les jours par ici. Les habitants se décarcassent pour nous trouver un emplacement pour notre tente alors que nous pensions aller au temple. Une dame qui vend de l'essence nous accueillent sous le toit du garage. Nous posons notre tente juste à côté du pick-up et de l'enclos à vaches !

Le lendemain, nous enquillons 52 kms à travers les rizières, les champs de manioc et sur une route où le riz est en train de sécher, avant de nous installer dans une petite gargotte. 

La proprio doit voir que l'on est affamé car arrive un plat de riz, des œufs, une soupe.... Le ventre calé nous arrivons à Nang Rung où nous posons de nouveau la tente mais cette fois-ci dans un temple. Douche sommaire dans les WC avec un seau avant de partir dans le resto du coin où un curry de poisson nous enflammera le palais ! 

De retour au temple, nous trouvons les portes fermées...mais en faisant le tour, nous trouverons le gardien des clés garant d'une bonne nuit de sommeil !

Sur notre route vers le Cambodge, qui est en fait une des anciennes voies royales du temps d'Angkor, se dresse deux sites Angkoriens que nous envisageons de visiter, histoire de nous imprégner un peu de cette civilisation avant d'entrer au Cambodge.

Phanom Rung se trouvant au sommet d'un volcan éteint, nous nous retrouvons face à un mur de plus de 13 % à devoir monter mais l'effort consenti en vaut la chandelle. 

Un superbe temple sans trop de touriste nous attend.

Nous prolongerons notre plaisir Angkoriens avec la visite du Muang Tam situé à quelques kilomètres de là, moins visité ce qui lui donne une très belle atmosphère.

La lumière du soleil couchant sur un lac non loin du site nous décide à poser notre tente dans le champ tout près d'un petit resto.

Le lendemain, un bout de verre aura raison du pneu de David avant d'arriver à une bifurcation où nous entendons de l'animation. Une course de pirogues rameutent tous les villages du coin, chacun supportant son équipe et c'est sans compter les animateurs qui crachent dans le micro. 

L'ambiance y est bonne donc nous décidons de poser notre tente près des stands sachant qu'à 18h, les Thaïlandais sont couchés !

18h, tous les gens comme prévus s'en vont, le soleil se couche et les satanés de moustiques arrivent si bien que nous nous retrouvons dans la tente à dégouliner, la nuit sera longue !

Nous arrivons assez vite à Chong Chom pour passer la frontière avec le Cambodge en étant un peu sur nos gardes car nous nous attendons à nous faire arnaquer sur le prix du visa. Comme prévu, le prix bizarrement est monté à 35 dollars, il y a deux mois, mais nous ne démordons pas et finalement le tampon 30 dollars est apposé sur notre visa ! Rah les magouilleurs...

De l'autre côté se trouve O'Smach où se trouve un fameux Casino où viennent jouer les Thaïlandais... En ce qui nous concerne, on pousse un peu avant d'arriver dans la vraie ville où nous déposerons nos bagages dans une Guest House. On se rend vite compte que le pays est beaucoup plus pauvre que son voisin. Ici, les deux-roues sont rois (mobilettes, vélo), plus du pick-up car l'essence coûte extrêmement cher. Les plus jeunes enfants sont parfois nus et le plus souvent pieds nus. Les gargottes sont moins fournies pour s'approvisionner. Les poules, les cochons déambulent dans les rues afin de dénicher leurs repas dans les poubelles à même le sol...

On est aussi un peu dérouté avec cette petite monnaie qui est le riel (5000 riels = 1 €). D'autant que ce n'est pas la seule puisque le dollar est aussi couramment utilisé dans le pays. Il nous faudra donc quelques jours avant de réussir à jongler avec ces différentes monnaies, et pour connaître la valeur des choses ici.

Réveil matinal avec le pneu de David à plat... Démontage mais aucune fuite en vue... On file sur la route afin de profiter d'un ciel nuageux qui laissera place à un soleil de plomb. Nous ressentons bizarrement la frontière climatique, ici règne une chaleur suffocante et une humidité atroce et pourtant, nous sommes dans la bonne période...

La route jusqu'à Anlong Veng n'est pas sensationnelle mais nous ne nous ennuyons pas car ce qui s'y passe est un spectacle de tous les instants !

Camions chargés à bloc avec les travailleurs dormant sur le toit, sorte de « tracteurs motoculteurs » qui transportent des marchandises ou des passagers, motos chargés de 3 voir 4 passagers, ou parfois même transportant 2 ou 3 cochons les quatre pattes en l'air à l'arrière de la moto ! Nous roulons aussi avec les enfants allant à l'école en vélo.

Ici tout le monde nous salue et ce dès le plus jeune âge, on n'arrive pas toujours à identifier d'où vient le « hello » ou le « bye bye », mais on répond en retour ! Les gens sont très souriant et respectueux.

De chaque côté de la route, la végétation est maîtresse des lieux où malheureusement se trouve des milliers de mines posées au temps des Khmers Rouges...

Le pneu de David fait de nouveau parler de lui et c'est sous les regards des enfants d'une maison voisine, que l'on comprend que le verre qui a déchiré la chambre à air il y a 2 jours, a créé un trop gros trou. 

David reconsolide la rustine, mais c'est peine perdue car tous les 4 kilomètres, il faut regonfler le pneu. Nous atteignons quand même Anlong Veng, tout poisseux et énervés par ce pneu. Finalement après s'être acharné sur cette fuite, il faudra bien admettre que cette chambre à air est foutue...

Nous rechargeons les batteries dans une petite gargotte où nous fermerons les yeux sur la chaîne du froid et l'état de la viande qui se trouve dans notre soupe pourtant délicieuse...

Nous nous enfonçons de plus en plus dans le pays, où la végétation devient plus luxuriante, genre « jungle », et traversons des villages de plus en plus pauvres...

11h, heure critique où le soleil entame la cuisson des cyclistes... Nous trouvons refuge dans une cabane vide pour manger...chaud... Nous dégoulinons si bien que nous agitons nos foulards pour faire un peu de vent !!

Après 82 kms, les fesses en compote, nous demanderons l'hospitalité aux gardiens du Parc National de Phnom Kulen, sorte de barre rocheuse scindée en deux par une toute petite route.

Nous avons le droit à une douche en puisant de l'eau dans une grande jarre avant de cuisiner aux côtés du chat des gardiens !

On leur laissera un beau dessin pour les remercier de leur accueil avant de nous élancer vers Siem Reap et ses temples d'Angkor.

Un petit arrêt à Bantea Srey, un des temples Angkorien que nous ne pourrons pas visiter car il nous faut le pass qui ne s'achète qu'à Angkor, à 25 kilomètres de là, mal foutu.

Plus nous nous approchons de Siem Reap, plus nous rencontrons des touristes, et notamment des français. Certains sont très sympas et nous passons un moment à discuter ensemble, d'autres sont « sans-gêne » et photographient tout ce qui leur passe sous le nez sans demander la permission au préalable.

Les premiers enfants qui viennent mendier aussi arrivent vers nous. Que faire ? Nous leur donnerons un bout de pastèque.

Finalement, nous entrons dans Siem Reap, ville conçue pour les touristes et où une belle anarchie règne en ce qui concerne la circulation ! Nous nous faufilons jusqu'à une Guest House où nous déposerons nos affaires pour 3 jours de visites et autres formalités tel que l'achat d'une simcard, d'une chambre à air et d'un Lonely Planet piraté (très bien imité) pour compléter notre Guide du Routard que nous avons eu envie de balancer plus d'une fois tellement il est vide d'infos !

Les gens planifient la visite d'Angkor sur 2 ou 3 jours mais nous avons vu que d'autres voyageurs à vélo l'ont fait en 1 jour !

Alors pour en profiter le plus possible, nous avons acheté notre billet à 17h la veille, afin d'assister aux dernières lumières du jour sur l'imposant Angkor Wat et sa marée de touristes...

Levés à 4h du mat', petit déjeuner au frais avant de rouler vers le site afin de profiter du lever de soleil et de la quiétude des lieux avant l'arrivée des touristes !

Il règne dans le Bayon et le Baphuon une ambiance quasi mystérieuse où nous jouons un peu les premiers découvreurs avant d'être noyé dans la masse vers Ta Phrom. 

Nous visiterons quasi tous les temples le long du petit et du grand circuit et profitons surtout de notre propre ressenti plutôt que de rester à détaillé un linteau pendant des heures. 

Il est vrai que Angkor est touristique, mais en réalité, seuls quelques temples incontournables sont envahis à certaines heures, pour le reste, ce fut une visite agréable, et parfaite à faire en vélo !

En fin de journée, nous faisons la connaissance de Ian, un cyclo Anglais voyageant depuis 20 ans presque exclusivement en Asie avec qui nous partageons un repas et bien sur pas mal d'infos ! Depuis ses débuts, la façon de voyager a bien évolué, et c'est intéressant d'écouter son expérience. Par exemple, la première fois qu'il est venu à Siem Reap, en 1993, il n'y avait qu'une seule Guest House, il y en a maintenant des centaines !

Nous décidons de rester encore une journée en stand-by afin de nous préparer à cette fameuse « Road 66 », ancienne voie royale qui permettait de rallier Angkor Wat à Beng Maela puis Preah Khan dans la Jungle.

Mais ceci est une autre histoire avec son lot de rebondissements, suspens intense, où nous atteindrons nos propres limites en traversant ce territoire hostile qu'est la jungle Cambdogienne !