Après deux semaines de
moto à sillonner les pistes dans les steppes Mongoles, et dans
l'attente de l'arrivée de la famille de Marie, nous avons opté pour
une immersion dans le quotidien des nomades.
De nos jours, la Mongolie
est peut-être un des seuls pays où la tradition du nomadisme
perdure.
Mejet et Bilegt, les
propriétaires de l'appartement où nous séjournons à Ulan Bator,
nous mettent en contact avec leurs amis nomades qui nous
accueilleront les prochains jours.
Nous partons en bus,
accompagnés d'Adeline (Suisse) et de Stéphan (Allemand), direction
Karkhorin à 400 kilomètres de la capitale.
Dès notre arrivée,
Tsolmon et Batdorj nous accueillent et nous conduisent vers leurs
campements à une trentaine de kilomètres de la ville. Ici, on se
sent vraiment coupé du monde, pas d'autre yourte, ni de route
asphaltée à l'horizon.
Le campement se compose
de 4 Gers : une pour la Grand-mère, une pour Tsolmon et
Batdorj, une pour le frère cadet de Batdorj et sa petite famille et
enfin une pour nous !
Leur cheptel est énorme,
et ces dernières semaines le nombre de bêtes a quasiment doublé
suite à la saison des naissances. Nous estimons environ un millier de
moutons/chèvres, 150 chevaux et une trentaine de vaches. Ça fait du
boulot tout ce petit monde et on va vite s'en rendre compte !
A peine arrivés, nous
sommes vite accaparés au triage des moutons !! Pourquoi
celui-ci et pas celui-là, nous n'y comprenons rien mais nous aidons
comme on peut et on rigole bien en chevauchant les moutons pour les
attraper ! S'en suit, aux dernières lueurs du jour, la course
aux petits veaux pour les mettre dans un enclos pour la nuit.
Éreintés, puant le
mouton, nous dînons alors qu'il est déjà tard, un verre de vodka
pour digérer et nous voilà dans les bras de Morphée !
Les traditions
perdurant aux fils des générations, la culture du déplacement
entre un camp d'hiver et un camp d'été permet aux troupeaux de
paître dans un environnement où la végétation est suffisante. Le
camps d'été de Tsolmon et de Batdorj se trouve seulement à 5
kilomètres d'ici non loin d'une rivière.
Un lien étroit existe
entre la terre, le bétail et l’éleveur, si une de ses trois
composantes est perturbée alors tout s'écroule. Une tempête de
neige ravageant la moitié du bétail, une sécheresse dévastatrice,
et la vie du nomade s'arrête brusquement, l'obligeant souvent à se
tourner vers les villes où le travail ne coure pas les rues... C'est
ainsi que les quartiers de yourtes aux abords des villes grossissent
peu à peu. Alcool, chômage prennent alors le relais de ces nomades
déchus.
Mais
arrêtons d'être pessimiste, nous avons du pain sur la planche ou
plutôt du triage du mouton à effectuer de bon matin, le ventre
vide...
Nous finissons finalement par comprendre pourquoi on trie les
moutons depuis hier soir, c'est pour mieux les compter pardi !
Mais attention ici ce n'est pas pour dormir qu'on compte les moutons,
au contraire, il faut être bien réveillé sinon c'est foutu !
Cette fois-ci, nous compterons 395 femelles moutons adultes. Ça
saute, ça gambade, ça bêle dans tous les sens, on s'amuse comme
des fous !
Après
un petit-déjeuner bien mérité, nous sautons dans la benne d'un
camion conduit par David pour aller admirer le troupeau de chevaux,
magnifique.
En les voyant ainsi, on pourrait penser qu'ils sont
sauvages,ce qui n'est pas complètement faux, mais les nomades
parviennent quand même à les regrouper et tournent autour du
troupeau avec de l'encens, comme pour faire une bénédiction.
Le cheval est une
fierté pour les Mongols, ancré dans l'histoire du pays, il a permis
à l'empire Mongol dirigé par Genghis Khan de s'étendre jusqu'aux
portes de l'Europe ! Classé dans la race des poneys, il n'en
demeure pas moins robuste, sauvage et difficile à approcher en
liberté, mais une fois domestiqué, il reste une monture fidèle aux
nomades pour ramasser le bétail. Il est de plus en plus remplacé
par les motos de marque « Mustang », qui facilitent le
travail.
De
retour au campement, nous nous
attaquons aux chèvres et plus exactement à la récolte du
cachemire. Le travail consiste à attraper la
bête par les cornes et de la
ficeler sur une planche en
bois à hauteur
d'homme afin de la brosser dans tous les sens inimaginables pour
récolter la précieuse laine.
Tsolmon nous indiquera qu'un kilo de
cachemire brut équivaut à 25 euros, si bien qu'à la fin de
l'après-midi,
nous pouvons contempler deux sacs promettant la somme rondelette de
200 euros.
La Mongolie est le
deuxième producteur de cachemire précédée et écrasée par.... la
Chine bien évidemment qui élève intensivement des milliers de
chèvres, ce qui n'est pas sans conséquence sur la désertification
de la Mongolie intérieure...
Le
lendemain matin nous attend un travail moins jovial qui consiste au
ramassage des bouses de vaches et des crottes de moutons. Brouette
après brouette, pelleté après pelleté, nous nettoyons chaque
enclos avant de dévorer après 4h de dur labeur, notre petit
déjeuner !
Heureusement
l'après midi est plus tranquille ce qui nous permet de nous reposer
au soleil et jouer aux cartes avec Adeline et Stéphane.
18h,
les vaches reviennent des pâturages, appelées par leurs veaux
restés dans l'enclos une partie de l'après-midi. C'est l'heure de
la traite, travail exclusivement réservée aux femmes. Marie et
Adeline auront le droit de tirer quelques jets de lait frais pendant
que Stéphan et moi, nous nous occupons d'attacher le prochain veau
en vue de la traite de sa mère.
Le « Souté
Tsé », Thé au lait est la boisson mongole par excellence.
C'est la maîtresse de maison qui le prépare sur le poêle. Il
s'agit en fait d'un mélange d'eau et de lait, auquel on ajoute un
peu de thé et de sel. Un breuvage qui peut surprendre dans un
premier temps, mais que l'on adopte très vite !
Au
réveil, nous entrons dans la Ger de Tsolmon qui s'affaire déjà à
faire chauffer le « Souté Tsé » qui accompagnera le
pain sur lequel on étale la crème de lait fraîchement préparée,
un régal.
La
matinée sera rythmée par le nettoyage des différents cacas
(crottes de moutons, bouses de vaches et crottins de cheval) !
Puis nous passerons une bonne partie de l'après-midi à jouer avec
les enfants avant d'entamer les rituels travaux du soir : traite
des vaches, ramassage des moutons et ramassage des veaux.
Durant
la journée, il n'est pas rare de partager une ou plusieurs bières,
et ceci peut arriver à n'importe quelle heure de la journée, même
à 10h le matin ! On boit soit dans la Ger ou en travaillant à
l'extérieur.
Le partage de l'alcool
en Mongolie se fait suivant un schéma bien particulier.
Généralement, la bouteille fait 2,5 litres et il n'y a qu'un seul
verre pour boire. Une personne est responsable de la distribution de
la boisson et sert chacun à tour de rôle. Il faut toujours donner
et recevoir le verre de la main droite. Il est important de bien
retenir l'ordre des personnes à servir et s'y tenir jusqu'à
épuisement de la boisson ! Le verre tourne ainsi, si bien que
tu finis par ne plus savoir combien tu en as bu ! Cette façon
de boire est assez perturbante pour nous, car il faut boire
relativement vite car les autres attendent aussi le verre pour boire
à leur tour! Malgré tout, c'est un moment convivial, il faut juste
savoir quand s'arrêter !
Pour
la préparation du repas, nous aidons à découper la viande séchée
en la tapant avec un marteau puis en finissant au ciseau. Le tout se
fait sur une grosse chambre à air à même le sol de la Ger !
Cette viande (mouton ou vache) est généralement plongée dans un
bouillon avec des pâtes, ce qui la réhydrate, et le résultat est
une soupe très nourrissante !
La
journée du lendemain est beaucoup plus intéressante. Alors que nous
terminons les travaux habituels de la matinée, Batdorj et son frère
s'affairent déjà à regrouper une trentaine de chevaux dans un
enclos. Nous apprenons assez rapidement que nous allons couper les
crins de chevaux et dans le même temps les vacciner, ce qu'il faut
répéter chaque année.
Une
fois tous dans l'enclos, nous scindons le troupeau en deux. La
première partie est regroupée dans un plus petit enclos fermé
rapidement avec des rondins de bois d'un côté. C'est à ce moment
que cela se corse car il faut faire passer 7 ou 8 chevaux dans un
couloir étroit, rendant leurs déplacements impossible et permettant
ainsi aux nomades de passer un licol autour de la tête du cheval.
Ce
n'est pas une mince à faire car les chevaux sont plutôt sauvages et
ne sont pas habitués à se retrouver coincés ainsi, ils sont donc
assez nerveux... Certains ruent, d'autres tombent à terre, et les
plus fougueux parviendront à sauter la barrière ! Les chevaux
plus turbulents seront remis en place assez violemment, ce qui nous
choque un peu, mais les nomades savent probablement mieux que nous
comment agir avec leurs chevaux.
Une
fois le licol passé et bien tenu par une personne, la coupe des
crins peut commencer. Seuls les deux frères sont autorisés à cette
tâche. Tsolmon, elle, s'occupe de les vacciner pour prévenir les
parasites.
Nous
passerons ainsi toute la journée à les aider pour ce travail
difficile et dangereux, afin de couper les crins des 150 chevaux.
Seul exception, les étalons qui conservent leurs longs crins.
C'est
aussi l'occasion pour nous d'approcher les jeunes poulains, qui
attendent que leurs mères sortent du coiffeur !
Les
crins récoltés seront vendus à la ville pour 2,5 € / kilo, c'est
bien peu au vu du travail effectué. Cela servira notamment à faire
de solides cordages pour les yourtes.
Le
soir, après toute une journée de dur labeur, nous nous
réchaufferons le gosier avec 3 ou 4 bouteilles de bière en faisant
tourner des photos de la famille !
Malheureusement
toute bonne chose a une fin, nous reprenons le bus le lendemain
direction la capitale où nous attendrons la famille à Marie avec
impatience après plus d'un an de séparation !
Pour
résumer, on peut quand même dire que ces nomades sont
impressionnants, infatigables, toujours en activité, du matin au
soir. Cette expérience unique aura été très riche pour nous, et
cela nous a tellement plu que nous y retournerons avec la famille de
Marie pour de nouvelles aventures !
Difficile
de rendre compte par écrit de notre immersion chez les nomades,
alors voici un petit aperçu en vidéo !
ou cliquez ici:https://youtu.be/xiee567seJg
PS :
Le prochain article sera rédigé, non pas par nous mais par des
auteurs mystérieux, alors soyez patients et indulgents car ce n'est
pas un travail facile, mais nous sommes certains qu'ils s'en
sortiront comme des chefs ! On vous rend la plume, à vous de
jouer !
hello
RépondreSupprimersuperbe article encore une fois, magnifiques photos, ça donne vraiment envie.
bonnes retrouvailles en famille
a bientot
gwenaelle
Bonjour, quel magnifique reportage sur un pays que je ne connais pas du tout ! on a l'impression d'être dans un autre monde ! Merci de nous faire partager votre quotidien et j'attends avec impatience le prochain reportage. Chantal
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerQuel plaisir de vous retrouver....Toujours intéressant et dépaysant....
Merci de me permettre de revivre la vie avec les nomades et de partager leur hospitalité...
A bientôt pour le prochain article
Bonne suite Marie Agnès
Bonjour,
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ce bel article, toujours aussi intéressant.
Gros bisous à Jean et Guylaine lorsqu'ils vous rejoindront.
A bientôt et merci.
Michèle V.
SUPER SUPER !!!! On ne sait plus quoi dire, comme à chaque fois c'est super....
RépondreSupprimerOn n'attend avec impatience le "Fameux Reportage en famille",
A bientôt et gros bisous à vous 2
Régine et Gilles
Le résumé est parfait j'ai envie de dire ! Comme on y est allé on se rend bien compte de la charge de travail qu'ont les nomades !
RépondreSupprimerVous verrez ça aussi dans le prochain article ;)
La vidéo est trop cool !!!! Meêêêêhhhh
Bisous les choux
beau reportage, le film est bien fait. Bravo et Gros bisous.
RépondreSupprimerLouis et Armelle
Merci beaucoup pour la petite attention qui trône sur mon bureau. Cela m'a fait plaisir même si non mérité. Car c'est plutôt à moi de vous remercier de me faire voyager à travers vous. C'est toujours un plaisir de vous lire. J'attends avec impatience sa suite. Vos secrétaires intérimaires ne sont pas très vaillantes !! Sans doute la chaleur !!!
RépondreSupprimerBisous et bonne continuation. sylvie