Suite à
notre décision de ne pas aller en Iran, nous repartons les idées un
peu floues sur la suite de notre itinéraire. Malgré tout, nous
gardons le cap sur Trabzon, même si nous allions là-bas,
principalement pour faire nos visas iraniens... Cette région a bien
d'autres attraits et cela nous laissera le temps de réfléchir !
Nous
repartons donc sur les routes de montagnes où David explose le
record de la vitesse maximale qui est maintenant de 67 km/h ! La
route débouche sur une vallée encaissée entre deux chaînes de
montagnes où le vent s'engouffre à une vitesse folle. Profitant de
cette aubaine, car il est dans notre dos, nous arrivons sans peine à
une station d'essence non loin de Köse.
Le patron
nous indique que nous n'avons pas besoin d'installer notre tente car
nous pouvons poser nos matelas dans la cafétéria.
La station est
tenue par un seul employé qui travaille 24h d'affilée avec une demi
journée de repos avant de rattaquer... le pauvre. Nous partageons
nos victuailles avec lui afin de préparer une grosse gamelle !
Il a 25 ans, un enfant et peut-être une femme, mais ça ne l'empêche
pas de draguer ouvertement Marie qui est, de ce fait, mal à l'aise.
Nous comprenons malheureusement que nous n'allons pas pouvoir dormir
tout de suite car ses amis arrivent lui tenir compagnie à coups de
cigarettes et de TV à fond...
Nous nous endormons tout de même
après qu'ils soient partis, en respirant l'équivalent d'un paquet
de clopes durant la nuit...
Nous
sommes heureux de respirer enfin l'air frais le lendemain de retour
sur nos vélos. Un col nous attend mais seulement 400 mètres de
dénivelé nous en sépare. Ça monte progressivement par une route
sans trafic ! L'air devient de plus en plus frais au fur et à
mesure que l'on monte, la végétation change et laisse place à une
forêt de pins.
Arrivés en haut, nous enfilons assez vite des
affaires chaudes pour attaquer la descente qui nous amène à Tekke,
petit village un peu avant Gümmüshane, où nous pensons dormir ce
soir. Mais il est assez tôt et nous avons faim, alors nous décidons
de nous poser dans un abri bus pour manger notre salade. Un jeune
monsieur vient à notre rencontre et nous apporte 2 pommes de son
jardin pour agrémenter notre plat. Il nous apprend qu'il y a une
année, il a accueillit un cyclo Allemand dans son jardin et nous
demande si nous souhaitons faire de même. A votre avis, qu'avons
nous répondu ?
Seulement
voilà, il doit partir au travail et nous dit que nous pouvons nous
poser dans son jardin. Un peu mal à l'aise, nous entrons avec nos
vélos dans la propriété et nous nous faisons tout de suite aborder
par une petite grand-mère au regard malicieux. Le contact passant
très bien, elle nous désigne un coin pour notre tente près de la
maison. Elle est rejointe par deux autres dames aussi chaleureuses,
qui rigolent beaucoup en allant voir l'intérieur de notre tente.
L'une d'entre elles trouve Marie trop maigrichonne à son goût (faut
voir le gabarit de la femme aussi, je n'aimerai pas me prendre une
mandale avec elle!). Le chef de maison (qui est en fait le père du
jeune homme qui nous a invité) rentre juste du travail. Aussitôt,
les trois femmes argumentent auprès du « patron » le
fait que nous risquons d'avoir froid cette nuit ! C'est bon,
nous aurons une chambre pour nous ce soir ! Nous lui offrons un
café Turc « made in réchaud à pétrole » pour le
remercier, ce qu'il a l'air d'apprécier car il boit tout !
C'est ensuite notre tour de nous faire inviter pour un petit goûter
en compagnie des femmes, assis en rond au milieu du jardin. Nous
accompagnons ensuite le chef de maison en ville pour aller chercher
sa femme qui sort de l'usine. Nous nous cramponnons au siège car il
roule assez vite !
De retour
à la maison, nous nous retrouvons assis sur un canapé à parler de
politique, pendant que sa femme s'affaire à trier les patates
récoltés (Marie ira quand même l'aider!). Nous sommes tombés sur
notre premier anti Erdogan, et pro communiste-socialiste comme il le
dit lui même. Il n'aime pas l'islam non plus et il le crie haut et
fort, quitte à provoquer ses proches !
La femme
de son fils, qui est prof d'anglais, nous rejoint juste au moment où
il faut passer à table. Nous avons l'impression que nous étions
attendus tellement les plats sont gargantuesques. Et ce n'est pas un
plat mais quatre plats qui nous sont servis... Nous nous retrouvons
le ventre plein dans le salon à boire le çaï ! Fatigués par
cette journée, nous nous éclipsons dans notre chambre pour une
bonne nuit de sommeil !
Levés à
7h 30, et revigorés par un bon petit déjeuner fait maison
(frites maison et boulette de viande!!), nous leur disons au revoir
et un grand merci pour leur accueil spontané.
Nous
traversons assez rapidement Gümmüshane et une descente nous amène
à Torul après 35 kms, dernier village avant le col. Nous demandons
l'hospitalité aux gérants d'une stations service qui acceptent sans
broncher le fait que l'on pose notre tente dans le terrain en face
mais ce n'est pas de l'avis des policiers qui nous expulsent avec
délicatesse. Ok, mais on va dormir où ?
Nous
sommes gentillement accueillis dans le jardin des proprio d'un resto.
Un vent glacial souffle pendant que nous faisons à manger, c'est
pourquoi nous allons nous réchauffer dans le resto autour d'une
bonne soupe et d'une bonne bière ! Cela faisait bien deux
semaines que nous n'avions pas touché à une goutte d'alcool !
Toutes
nos pensées sont tournées vers le col que l'on attaque dès le
lendemain de bonne heure. Plus de 1000m de dénivelés positif sont
au programme. Heureusement la pente est assez douce et nous permet de
faire une pause tous les 200m pour grignoter quelque-chose.
Au fur et
à mesure que nous nous élevons, le paysage devient de plus en plus
grandiose en admirant les lacets que nous avons déjà gravis !
A 1800 mètres d'altitude, deux choix s'offrent à nous : soit
prendre le tunnel de 2 kilomètres qui est plutôt étroit, ou alors
continuer par une petite route non asphaltée pour décrocher les
2050m du col. Nous choisissons vite le deuxième choix lorsque nous
voyons débouler les camions à vive allure à la sortie du tunnel.
Pourtant
lorsque nous empruntons les premiers mètres de notre chemin, nous
avons vraiment envie de faire demi-tour car nous devons pousser
plusieurs fois nos vélos pour gravir quelques mètres.
Mais les
paysages qui s'offrent à nous sont magiques.
A nous la montagne
verdoyante, une certaine nostalgie Suisse s'immisce en nous !
Nous arrivons enfin au sommet et pour fêter ça comme il le faut ,
nous nous offrons une fondue Turque, différente de la Suisse mais
très bonne !
C'est revigorés que nous dévalons presque 1500
mètres de dénivelé jusqu'à Maçka.
Nous
dégotons un drôle de camping, où nous sommes en fait les seuls
campeurs. Notre idée est de rester ici deux nuits car nous voulons
aller visiter le Monastère de Sumela, attraction touristique du
coin. Au moment où nous éteignons la lumière, la fête bat son
plein dans le resto du camping. Nous comprendrons le lendemain
lorsque nous irons assister au concert !
Sur les
conseils du patron nous faisons du stop pour nous rendre au
monastère. Nous sommes pris rapidement par une famille turque qui
nous dépose gentillement au pied du sentier menant au monastère.
Ce dernier construit à flanc de falaise et creusé dans la roche, a
su conserver de superbes fresques.
Pour revenir au camping, nous
renouvelons avec succès la technique du stop.
Nous
partons le lendemain sous la pluie en direction de Trabzon où nous
arrivons rincés et les vélos remplis de boue et de sable !
Notre Warmshower, Zéki, ne peut nous accueillir qu'à partir de 21h
ce qui nous oblige à poireauter pendant 9h dans le gros centre
commercial de la ville ! Nous mettons notre temps à profit afin
de mettre sur la table toutes les options possibles et envisageables
pour la suite de notre voyage.
21h,
Zéki, notre hôte est au rendez-vous et nous conduit chez lui non
loin de là. Il vit en colocation avec un autre étudiant. En
arrivant, nous sommes un peu surpris car nous allons devoir partager
sa chambre. Un peu mal à l'aise, nous discutons un petit peu avec
lui avant de nous endormir, Marie dans le lit et David par terre !
Le
lendemain, l'indécision nous reprend. Le soleil du Sud de la Turquie
ou la Géorgie, un pays dont nous ne connaissons rien ? Faire
demi-tour pour revenir prendre un avion à Istanbul ou aller de
l'avant vers l'Est ? Nous tranchons dans l'après midi, ça
sera la Géorgie qu'il pleuve ou qu'il vente !
Pour le
dîner, nous cuisinons avec Zéki un bon plat de Manti (raviolis
turcs) à la façon de sa mère et en dessert des crêpes bretonnes !
Zéki, étudiant en métallurgie, a ses origines dans le Sud de la
Turquie et n'aime pas trop Trabzon car il trouve que les gens ne sont
pas très ouverts d'esprit ici. En tant que touriste de passage, nous
ne percevons pas vraiment ça car les gens veulent toujours nous
montrer le meilleur.
Le jour
suivant, nous décidons d'aller visiter la ville sur laquelle nous
n'avions entendu que de mauvaises choses mais bizarrement nous
adorons ce genre de ville où c'est un peu le bordel et où il y a de
la vie !
Nous faisons quelques emplettes dans le bazar et David
en profite pour réparer les semelles de ses chaussures chez un petit
cordonnier ! Nous nous régalons dans un resto à Trabzon avant
de rentrer !
Surprise !
Quand nous rentrons chez Zéki, nous trouvons un troisième
colocataire : un scorpion noir, dont on ne sait pas vraiment si
il est dangereux ou pas... Ça fait froid dans le dos, du coup nous
partageons le lit une place pour cette nuit !!
Finalement
nous resterons une nuit de plus chez Zéki afin de laver les vélos
et d’essayer en vain de récupérer un colis à la poste restante
de Trabzon.
Nous
disons au revoir à Zéki, et nous le remercions pour son accueil et
ses conseils avisés.
Nous nous
embarquons sur la grosse route qui longe la mer Noire et que nous
allons suivre jusqu'à la frontière Géorgienne. La route n'est pas
très intéressante mais il n'y a pas tellement d'autre alternative
alors il faudra faire avec pendant 3 jours !
A peine
sur la route, nous apercevons au loin un cyclo avec de petites
sacoches. Arrivés à sa hauteur, nous faisons connaissance avec
Rémy, un Turc fan de vélo, et de sport de montagnes. Il rejoint
Rize où il a son appartement, et il nous propose aussitôt de dormir
chez lui ce soir ! Nous roulerons toute la journée ensemble et
c'est ensemble que nous immortalisons notre cap des 5000 kilomètres !
Même si Rémy ne parle pas très bien anglais, nous nous comprenons
et on commence aussi à se débrouiller en turc! Il habite Rize
depuis 2 mois, où il a trouvé un travail au laboratoire de
l'hôpital.
La route
longeant la mer Noire est plate ce qui nous permet d'avaler les
kilomètres sans trop d'effort et de faire quelques pauses cafés car
Rémy est un fan!
C'est dans une petite gargotte que nous sommes
abordés par un autre Turc, vivant en France à Gap, et qui revient
au pays voir les amis ! Il est tellement heureux de rencontrer
des français ici, dans son pays natal, qu'il veut à tout prix nous
inviter au resto ce soir. Nous nous donnons donc rendez-vous à Rize
ce soir et nous nous remettons en route. Arrivés en bas de
l'immeuble de Rémy, David dévore le paquet de gâteau car sinon il
va tomber en hypoglycémie ! Heureusement car il faudra encore
quelques forces pour monter les vélos au 4ème étage !
Rémy
nous accueille dans son appartement, juste le temps de prendre une
douche et de nous resucrer un peu que nous devons embarquer dans la
voiture du monsieur rencontré à la gargotte cet après-midi :
direction le centre ville pour manger à son adresse préférée !
Ne sachant que choisir, il tranche en demandant au serveur de servir
un petit peu de chaque plat : Je ne vous raconte pas l'état de
notre estomac à la fin du repas... ! Nous passons un bon moment
tous ensemble et nous le remercions chaleureusement pour sa
gentillesse.
En
rentrant chez Rémy, nous ne pourrons même pas boire la bière qu'il
nous avait promise tellement nous sommes rassasiés ! Nous
restons le temps de nous échanger les photos de la journée et hop
au dodo dans un bon lit !
Pour le
petit déjeuner, Rémy nous prépare la spécialité locale :
une fondue avec du fromage ! Rien de tel pour bien démarrer la
journée ! Nous reprenons la route plein d'énergie en
remerciant Rémy pour son accueil spontané et chaleureux !
Le temps
est maussade mais il ne pleut pas, ce qui nous permet d'avancer assez
rapidement jusqu'à Pazar, une petite ville qui ne nous inspire pas
trop confiance, mais nous avons trop faim. Posés sur un banc, nous
apercevons deux cyclos chargés mais malheureusement ils ne nous
voient pas et 30 min après deux autres cyclotouristes traçant eux
aussi leurs routes sans nous apercevoir. Nous voilà 6 cyclos au
coude à coude !
Voyant le
temps se dégrader, nous essayons de sortir de la ville afin de
trouver un bivouac pour la nuit mais le temps en décide autrement et
nous nous réfugions sous un garage le temps d'une grosse averse.
C'est à ce moment là que nous recroisons deux des quatres cyclos.
Ce sont deux anglais, en route pour les pays en « Stan »,
il veulent notamment faire la Pamir Highway en plein hiver, les
fous !
Nous
décidons de partager un petit bout de route ensemble le temps de
l'accalmie lorsque la famille d'à côté nous invite à boire le
çaï ! Il y a beaucoup de monde et on nous offre même des
baklavas et autres pâtisseries. Il faut poser le contexte :
c'est le premier jour de « Bayram », la fête musulmane
qui dure 4 jours.
A cette occasion, ils tuent un mouton ou une vache
et partagent les morceaux entre toute la famille et avec les
nécessiteux. Nous assistons donc au partage des morceaux qui
ressemble à un vrai champ de bataille ! Nous goûtons juste à
un morceau de viande au goût très prononcé avant de les quitter.
Après
quelques kilomètres en compagnie des Anglais, la nuit arrivant, nous
décidons de nous arrêter là car nous avons aperçu une station
d'essence, eux préfèrent continuer encore un peu. Nous posons notre
tente sous une vieille maison sur pilotis comme ça nous sommes
protégés de la pluie !
Réveil
nuageux, ce n'est pas encore aujourd'hui que nous aurons le droit au
beau temps sur la Mer Noire, mais tant pis ! Comble du hasard,
nous croisons cette fois-ci les deux autres cyclos, Frank, un
allemand et Barbara, une Suisse Allemande qui n'ont pas arrêté de
se croiser le long de l'Eurovélo 6, alors c'est à 4 que nous
repartons en direction de Hopa, la dernière ville de Turquie avant
la Géorgie !
Le
courant passe plutôt bien entre nous 4 et nous nous retrouvons assez
vite à Hopa sans s'en rendre compte où Barbara et Frank testent une
spécialité du coin avant de passer la frontière.
Nous
parcourons le chemin qui nous sépare de la frontière à fond car la
nuit commence à tomber et nous ne savons pas trop à quoi nous
attendre de l'autre côté en Géorgie mais ceci est une autre
histoire !
Que de belles rencontres.
RépondreSupprimerLouis et Armelle
J'ai passé les 50km/h, il va falloir que j'aille en Turquie pour passer les 60km/h!!!
RépondreSupprimerLouis
Euh plutôt 72km/h en Géorgie maintenant!! Tu as du pain sur la planche:!! Soit tu grossis un peu, soit tu charges ton vélo et tu verras l'accroche à la route en est que meilleur!!!
SupprimerCiao
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerLes gens ont l'air dans l'ensemble d'être assez chaleureux avec vous, tant mieux ca doit vous faire du bien de vous ressourcer et de vous poser.
RépondreSupprimerBonne route en Géorgie et continuez a prendre soin de vous et à profitez de votre voyage!!!
A bientot
Laetitia, julien, lucas
Oui c'est vrai, nous retiendrons cette hospitalité et cette chaleur de la part des Turcs! C'est un pays vraiment splendide qui restera vraiment gravé dans nos mémoires!! Pleins de souvenirs, de rencontres!
SupprimerNous sommes maintenant en Thailande plus précisément à Bangkok dans cette ville de fous qui ne s'arrête jamais! Nous avions testé Istanbul et bien ici c'est 10 fois pire et 10 fois plus chaud!!
Ciao