Reprenons
nos aventures vélocipèdes après toute cette débauche de
cylindrés, de poignées de gaz, de réservoir à essence s'épuisant
aussi vite que les dénivelés augmentent. Place de nouveau à
l'huile de coude, à la sueur, aux bruits de vitesses passant avec
fluidité (ou pas!!) pour sortir de cette grande agglomération
qu'est Chiang Maï, deuxième ville de Thaïlande.
Nous nous
y attendions mais rouler sur un grand axe Thaïlandais n'a rien d'une
sinécure... Ça roule vite et mal, ça klaxonne, ça déboîte
n'importe comment ou bien ça se gare sur une voie d'autoroute sans
avoir l'impression d'énerver tout le monde (ou tout du moins les
petits cyclistes comme nous...).
Heureusement
Marie, la copilote, déniche une petite route parallèle à la 1001,
digne d'une voie cyclable.
Certes, nous faisons le double des
kilomètres prévus sur une route serpentant dans une vallée
agricole mais au moins nous sommes moins stressés et c'est beaucoup
plus agréable! Nous rejoindrons la 1001 plus loin, mais cette
fois-ci c'est beaucoup plus tranquille et tant mieux car c'est ici
que les choses sérieuses commencent. Ce ne sont pas les dénivelés
de notre boucle effectués en scooter, mais nous transpirons bien
jusqu'à rejoindre Ban Paï Maï, village Hmong.
Ici,
aucun moyen de poser la tente, le village ne ressemble à aucun autre
village Thaïlandais. Tout y est quadrillé avec une maison sur
chaque parcelle mais aucun emplacement pour notre tente si bien que
nous nous résignons, après avoir négociés avec le truand de
proprio du homestay, une place pour notre tente pour 250 baths, le
même prix qu'une chambre en Thaïlande, mais bon la nuit va tomber
dans peu de temps et il nous faut un endroit pour dormir.
Réveil
brumeux...
En
graissant les chaînes de vélos, nous nous apercevons que le pneu
arrière de Marie présente désormais une énorme hernie...
Rappelez-vous, c'est ce même pneu qui avait été troué par un
vieux clou rouillé il y a 2 mois. La réparation de fortune avait
tenu jusque là mais cette fois-ci, nous n'avons d'autre choix que de
le remplacer, heureusement que nous en avions un de rechange...
De retour
sur la route vers Phrao, nous ne distinguons pas les cimes des
montagnes nous entourant de chaque côté tellement le plafond est
nuageux et menaçant. Bizarrement dans cette région, nous sommes étonnés de
voir plusieurs églises sur notre chemin. Le toit d'une gargote, à
12h, tombera à pic lors d'une averse.
Occupés
à déguster une bonne plâtrée de riz surmontée d'une omelette,
nous ne prêtons pas tout de suite attention à la TV qui est
allumée. Mais lorsqu'au infos Thaï, nous entendons parler de la
France et apercevons de nombreux « Farangs »
brandissant une pancarte où il est écrit « Je suis
Charlie », ainsi que des hommes du
GIGN lourdement armés en plein Paris, François
Hollande l'air grave, nous
pouvons vous dire que ça fait un peu peur de voir ça de loin
surtout quand on ne comprend
rien de ce que raconte la TV :
Euh c'est la guerre en France ?
Heureusement, nous disposons d'un petit forfait internet sur le
téléphone, qui nous permettra de suivre au jour le jour le fil de
cette histoire macabre...
Mais pour le moment, nous sortons de Phrao avant de nous diriger sur
la sinueuse route 1346, où nous commençons à chercher un endroit
pour bivouaquer. Un panneau indiquant des sources d'eau chaude attise
notre curiosité. Quel choix judicieux!!
Une
eau fumante et
bouillonnante, à tel point
que les Thaïs
viennent y faire cuire leurs œufs (ce
qui explique peut-être l'odeur?!),
coule
de bassin en bassin afin de la refroidir. Les 4 derniers bassins
permettent de barboter tranquillement ce que nous faisons avant que
la pluie ne s'invite au rendez-vous.
Cette pluie sera tenace et durera
pendant plus de 24 heures,
nous clouant sur place car nos affaires de pluie sont chez l'oncle à
Marie... Eh oui, nous si on
nous dit que c'est la saison sèche, on ne prend pas nos affaires de
pluie !
Mais pour l'instant, on n'en a que faire, nous avons monté la tente
à l'abri, disposons de l'électricité, de lumière, de sanitaires,
de table, de chaises et en prime de bains bouillonnants en libre
service !
A
la nuit tombée, nous profitons pour retourner
nous baigner dans les bassins d'eau chaude pour nous réchauffer et
nous laver en même temps !
Le
réveil à 6h30 est repoussé à 9h car la pluie ne se calme pas.
Nous irons nous ravitailler dans 2 minuscules boutiques dans le
village en contrebas, armés de notre parapluie branlant !
Vers
18h, l'humidité est partout transperçant nos vêtements, et
il fait frais, si bien que
nous retournons faire trempette avant d'aller nous coucher en
espérant que le lendemain soit plus ensoleillé...
Réveil
nuageux et légère pluie, mais tant pis, nous quittons notre superbe
spot par les routes de montagnes.
Premier virage, première
stupéfaction, premier mur en face de nous, pied à terre obligé, un
panneau avec une tête de mort annonce les hostilités....
Même en
poussant les vélos à deux,
cette montée nous coupe les jambes mais ce n'est que
le début. Nous
continuons à pousser chacun notre vélo si bien que nous ne savons
plus si nous avons chaud ou froid car le plafond nuageux est à notre
hauteur et l'humidité
omniprésente.
Nous
aimerions bien amener un Turc ici pour leur montrer comment faire des
tunnels...Mais non les Thaïs, eux, tracent leurs routes tout droit
sans se soucier du degré de
la pente, à croire que leur
civilisation est
née dans des Pick-ups !
Un
jeu avec les montagnes russes commence, mais heureusement les
paysages sont fabuleux, même
avec des nuages, sur les 35
kilomètres
qui nous séparent de la route principale.
Bizarrement celle-ci sera plate jusqu'à Chai Prakan où nous avons
décidé de dormir ce soir.
Nous
trouvons une pension pour la nuit et par
une
heureuse
coïncidence,
nous tombons sur notre
légende du cyclisme en
Thaïlande,
Lumpini, un français !!!
Il ne nous connaît pas mais
nous oui : nous avons
étudié notre itinéraire en
Thaïlande grâce à ces
nombreux conseils sur Voyageforum et
sur son blog ! C'est un
des premiers Farangs rencontrés parlant couramment Thaï, d'ailleurs
il roule avec un ami Thaï pendant une quinzaine de jours dans le
Nord de la Thaïlande. Il est
vraiment passionné de vélo et nous aide à faire refaire quelques
réglages sur les notre. Nous
les retrouvons le soir autour d'une bonne soupe mais notre Lumpini
n'est pas invincible, quelques dérangements les obligent à rentrer
plus tôt que prévu...
Le
lendemain, notre étape s'arrête à Thaton après avoir bifurqués
encore sur de petites routes parallèles.
C'est
de là que nous prendrons un
longboat pour descendre la Mae Nam Kok jusqu'à Chiang Raï ce
qui nous évite de gros dénivelé.
Cela fait longtemps que nous avions envie d'expérimenter ce moyen de
locomotion et bien nous avons été récompensé !
Les
chauffeurs calent nos vélos à l'avant du bateau avec nos sacoches
et nous embarquons à 10
personnes, au ras de l'eau,
pour une belle descente de 3
heures sur cette rivière
serpentant au milieu des montagnes.
Quelques rapides pimenteront un
peu le voyage mais nous arrivons sain et sauf à Chiang Raï où nous
ne nous
attarderons pas longtemps.
La route pour Mae Saï est un gros axe routier inintéressant que
nous n'avons pas le choix d'emprunter car cette fois-ci aucune route
parallèles n'existent, à moins de faire d'énormes détours...Nous effectuerons tout de même nos 8000 kms juste devant les premières montagnes délimitant la frontière avec la Birmanie.
Nous dénichons tant bien que mal une petite chambre dans cette
ville-frontière avec la Birmanie. C'est étonnant, vu d'en haut, on
dirait qu'il n'y a pas de frontière et pourtant, les différences
entre ces 2 pays sont nombreuses.
Un vent glacial nous saisit au night-market si bien que nous rentrons
assez vite nous coucher avec une certaine appréhension quant à
notre passage en Birmanie le lendemain... A vrai dire, nous n'y
croyons plus trop. Un autre cyclotouriste s'était vu interdire
l'accès aux routes rejoignant Kengtung il y a un an. Mais sachant
que le pays s'ouvre un peu plus chaque jour, nous disposons d'une
infime chance de rouler 200 kilomètres en territoire Birman. Et
puisque nous sommes maintenant aux portes de ce pays, nous allons
tenter le coup.
Nous
atteignons assez rapidement la frontière Birmane séparée du sol
Thaïlandais par un pont enjambant une rivière. Changement de
régime, ici place à la flicaille corrompue et aux militaires
contrôlant tout le pays...
Pourtant nous y avons cru lorsque les
deux flics à la douane,
en charge de nos passeports, parlementeront assez longuement quant
à la possibilité de rallier Kengtung en vélo, mais
malheureusement, la sentence est irrévocable : la route pour
Kengtung nous est interdite d'accès à moins de prendre un bus mais
ensuite aucune possibilité d'aller plus loin...
Têtus comme des Bretons, nous voulons nous en assurer de nos propres
yeux !! 20 kilomètres plus loin, un énorme check-point tenu
par les militaires brisent nos rêves de voyage en Birmanie...
Retour à Tachilek, ville frontière, en passant par son marché où
nous avons pu goûté à un échantillon de la gastronomie Birmane.
Eh bien, on peut vous dire qu'ils pimentent autant que leurs
voisins !!
Notre passage en Birmanie aura donc été bref, et nous aurions aimé
en voir davantage dans ce pays, qui semble très différent de la
Thaïlande. Dès le passage de la frontière, nous avons noté des
différences flagrantes : les femmes maquillées d'un masque
blanc, les hommes portant une sorte de pagne, plus de visages typées
hindous, et bon nombre d'entre eux mâche du bétel, une feuille qui
colore les dents en noires et qui donne une couleur rouge à la
salive, dont les crachats maculent la chaussée. Mis à part les
militaires, les birmans nous ont aussi semblé sympathiques, mais
nous n'en verrons pas plus cette fois-ci... Nous sommes un peu déçus
certes, mais le plus grave ce n'est pas pour nous mais pour les gens
qui vivent au quotidien avec cette pression militaire.
Nous retrouvons donc notre chère Thaïlande pour un 3ème mandat de
30 jours ce qui n'est pas pour nous déplaire non plus ! Nous
commençons à y avoir nos habitudes, tout y est facile que ce soit
pour la nourriture, le logement. Deux bémols : la communication
entre nous et les Thaïs qui n'est pas toujours facile et les
dénivelés des routes montagneuses qui sont très raides !!
Nous dénichons une autre Guesthouse du côté Thaïlandais (moins
cher qu'en Birmanie) ainsi qu'un scooter pour une journée... Quoi
encore un scooter ?!!
Eh bien oui, puisque nous avons du temps
en Thaïlande, nous en profitons pour aller faire un petit tour au
Doi Thung par une route escarpée et sinueuse à la frontière avec
la Birmanie où les militaires sont omniprésents.
Un belle-îlois en
moto rencontré sur la route, nous explique, pour l'avoir faite il y
a 4 ans, que les chars d'assauts se faisaient face et le contrôle
des passeports était plus rigoureux !
Maintenant que la tension
est plus apaisée, nous pouvons apprécier les paysages Birmans mais
du sol voisin... C'est effectivement très joli mais de nouveau, impossible avec un vélo chargé !
Nous visitons un joli temple perché en haut d'un sommet avec un gong
énorme que nous nous amusons à faire retentir.
De retour à notre Guesthouse, nous peaufinons notre itinéraire qui
passera par les montagnes Thaïlandaises mais cette fois-ci en
longeant la frontière Laotienne ce qui nous permettra de retrouver
le Mékong délaissé depuis le Cambodge, mais ceci est une autre
histoire !
Toujours aussi intéressant de vous lire, c'est dommage que vous n'ayez pas accès à la Birmanie, ce doit être un très joli pays.
RépondreSupprimerBon courage pour la suite.
Bisous des Méaugonnais.
Merci à vous la famille Méaugonnais!! oui on reviendra en Birmanie en tant que vrai touristes sac au dos mais avec les vélos cela aurait été trop difficile et trop cher pour notre porte monnaie...
SupprimerAllez ciao
merci encore pour ces bons moments d'évasion que vous nous apportez, dommage pour la Birmanie on aurait pu se rencontrer, nous y serons le 06/0215, Annick et Gilles
RépondreSupprimerBah ouais, dommage que la Birmanie nous a fermé ses portes à cause de la Junte militaire... Mais enfin grâce à eux nous avons pu découvrir une Thaïlande montagneuse, généreuse en superbes paysages. Elle nous a bluffé et pourtant cela fait notre troisième mois dans ce pays!!! Bonne vacances en Birmanie, si vous avez acheté le Lonely Planet, essayez donc de ne pas donner tout votre argent à l'état...mais aux habitants!
SupprimerJe pense que vous allez vraiment aimé ce pays car rien que notre petite insertion nous a montré une belle facette!!
Ciao
8000km: vous rappelez-vous vos 1000 puis 2000 puis 3000... Bisous et continuez à faire des kilomètres en nous les faisant partager.
RépondreSupprimerLouis et Armelle
Alors les 1000 en Suisse vers Lausanne, les 2000 en Croatie sur la Parenzana, les 3000, euh on ne sait plus..., les 4000 en Turquie, les 5000 aussi en Turquie avant la Géorgie, les 6000 en Thaïlande, les 7000 au Cambodge, les 8000 en Thaïlande!! Alors fouillez dans les archives et redites nous!!! lol!
SupprimerCiao
Hi Marie and David, it was nice meeting you the other day at your lunch spot. We took your advise and camped at the look out at Phu Chi Fa, a fantastic starry night with fire flies as well! Chilly but gorgeous morning to see the fog roll in over the little Lao village. Nice reading your blog and knowing we have been to some of the same places, take care, safe and happy cycling, Rose and Trevor, New Zealand
RépondreSupprimerEncore de superbes photos !!
RépondreSupprimerJe suis en train de rattraper mon retard ! Je lis vos derniers articles ! Ils était temps me direz vous ^^
C'est marrant sur les photos où vous mangez on dirait tjs que vous avez 40 assiettes devant vous ! Vous ne risquez pas de maigrir ;)
En espérant vous avoir sur skype dimanche, je vous prie d’agréer ma soeur, mon beau frère, mon amour le plus sincère !
(AHAH je suis toute seule ajd dans le magasin de beauregard et je pense que ça me rend un chouilla folle de ne pouvoir parler à PERSONNE) !!
Bisouuus
Anne-Laure