Pékin Express

Sortir d'Oudomxai au plus vite est devenu pour nous une priorité tellement nous tournons en rond ici et, vous nous connaissez, cela ne nous ressemble pas !!

Nous avons donc échafaudé un nouveau plan d'attaque, à savoir rejoindre Kunming, au Sud de la Chine, en bus.


Il y a un bus direct pour Kunming mais ce que nous n'avions pas réalisé, c'est qu'il arrive de Luang Prabang et nous ne savons pas si il y aura de la place pour nous ainsi que pour nos vélos... Le stress est à son comble quand le bus arrive. Marie file chercher deux billets tandis que je décharge les bagages pour ne pas effrayer le chauffeur avec notre chargement ! Raté, il s'arrache les cheveux mais comme nous avons déjà nos billets, il ne peut plus faire marche arrière !! S'en suit une partie de Tetris pour caler nos vélos dans une soute, l'un par dessus l'autre, nous croisons les doigts pour qu'il n'y ait pas de casse.

Nous montons dans le bus qui n'est pas un bus comme les autres. En effet celui ci a l'originalité de ne disposer que de couchettes, en même temps notre voyage va durer 20 heures ! Nous ne préfèrons pas savoir si la literie est changée à chaque terminus. Le bus est plein, nous prenons place dans les dernières couchettes se situant au fond, il fait chaud, c'est blindé de moustiques, j'enclenche l'ipod tandis que Marie dégaine les guides de voyage, et c'est parti !

 

Nous arrivons assez vite à la frontière laotienne où nous devons sortir tamponner nos visas laotiens puis retour dans le bus. Quelques kilomètres plus loin, nous sommes contraints de ressortir mais cette fois-ci l'ambiance y est plus...militaire ! C'est en effet l'armée qui nous accueille et nous sommes invités à passer nos bagages aux rayons X. Après cette fastidieuse démarche, nos visas passent également aux rayons X en attendant le fameux coup de tampon qui nous est accordé après quelques minutes d'attente !

 

La frontière franchie, le décor change : fini les routes en terre, les nids de poules, les lacets n'en finissant plus, place à l'autoroute suspendue, aux tunnels perçant les flancs des montagnes comme dans du gruyère ! Mais le détail qui tue se trouve dans les WC chinois : pas de PQ, pas de chasse d'eau, pas de séparation...On vous laisse imaginer !

Après une longue nuit dans le bus, nous entrons au petit matin dans la périphérie de Kunming et nous pouvons vous dire qu'après 4 mois en Asie du Sud Est, la vision de gratte-ciels, d'échangeurs d'autoroutes complexes nous laisse perplexe...

Le déchargement des bagages est torché en 5 minutes, les vélos n'ont pas l'air d'avoir trop morflé malgré que certains aient mis leur valises dessus...

 

Bienvenue en Chine, plus précisement à Kunming, capitale du Yunnan qui ne compte que 4 millions d'habitants, c'est une petite ville pour la Chine ! Du monde partout, un alphabet et une langue auxquels on ne pige rien du tout, peu de monde qui parle anglais, on prend nos marques !

Alors débute une traversée de cette immense ville car nous sommes attendus ce soir chez Mickaël, un warmshower américain qui habite à l'autre bout de la ville. Heureusement des voies pour les 2 roues ont été aménagées ce qui nous facilite les choses. Le danger vient pourtant des scooters électriques déboulant de n'importe où, alors que nous étions habitués aux bruits des pots d'échappements ! L'avantage de ces véhicules est que le trafic est plutôt silencieux, ce qui est agréable !

Le moral s'écroule après 15 kms, le genou de Marie refait des siennes. MERDE...Pour ajouter du piquant, Marie se fait avaler sa carte de crédit dans un distributeur. Heureusement nous pouvons la reprendre car elle l'avait signée...

 

Nous arrivons chez Mickaël et sa colocataire qui nous accueillent chaleureusement. Notre hôte est  prof d'Anglais et vit en Chine depuis 5 ans. C'est surtout un fou du guidon qui part régulièrement découvrir les routes de montagne avec son vélo de course.

En ce qui nous concerne, c'est un peu raté et nous recommençons à échafauder divers plans d'attaque dont un sort du lot : une semaine de repos où nous allons partir à la découverte de 2 villes au sud de Kunming en STOP !

 

Pourquoi l'autostop ?

Parce que nous continuerons à échanger avec les locaux, et à toucher un peu du doigt le frisson que procure l'aventure et aussi d'économiser car la Chine est beaucoup plus onéreuse que les pays d'Asie du Sud-Est.

 

La ville de Kunming mérite un ou deux jours de visite. Certes c'est une ville à la chinoise qui n'arrête pas de se remodeler au fil des semaines. Un immeuble par là, une autoroute par ci, ça construit de partout. Nous avons l'impression que la Chine est un chantier permanent, que ça finira seulement quand il n'y aura plus de place et encore c'est pas sûr !

 

Mais elle a su garder une partie historique et plusieurs espaces verts qui valent le coup d'oeil. Ainsi nous traversons le Parc du Lac Vert avec les mouettes blanches.

 

Nous débouchons sur le marché aux fleurs et aux oiseaux qui est plutôt le quartier du « tout et n'importe quoi », où l'on vend des tortues, des poissons rouges, des chiens, des chinoiseries quoi !

De la ruelle pittoresque avec ces façades en bois richement sculptées, vous pouvez passer au boulevard  moderne où les immeubles rivalisent de hauteur ainsi que les centres commericaux dernier cri, c'est vraiment étonnant. Mais cela semble cohabiter plutôt bien et nous trouvons les habitants plutôt détendus. Contrairement à l'idée que l'on avait des chinois avant d'arriver (individualistes, stressés...), nous les trouvons plutôt ouverts, curieux et attentionnés envers nous !

 

A l'inverse de l'Asie du Sud-Est, le boudhisme n'est pas omniprésent dans la vie des gens mais nous avons tout de même visiter le temple de Yuantong. Enfin un vrai temple comme on les imaginait, sans fioriture, un plaisir pour les yeux !

 

Le soir, nous filons au restaurant avec Mickaël et une de ses amies. Nous dégustons des plats succulents. En tout cas en Chine, nos papilles vont explosées en goût !

 

Manger en Chine relève de l'exploit !

Vous pouvez oublier les menus ou alors si il y en a un, c'est écrit en Chinois ! Ensuite vous vous retrouvez devant un frigo bourré à craquer de légumes, de viandes en vitrine. Les chinois, eux, pointent du doigt les denrées qui se retrouvent en moins de 10 minutes dans leurs assiettes. Pour nous c'est plus compliqué car la plupart des ingrédients, on ne les connaît pas car les Chinois mangent tout, de l'algue aux herbes, du chien à la sangsue... Essayer de concocter un menu avec tout ça !! Alors on teste en désignant quelques aliments mais vu leurs têtes, ça ne doit pas bien se marier ! Le mieux étant encore de pointer les assiettes des clients déjà servis pour se faire comprendre, en précisant « Bou La » (non épicé, car ici aussi c'est assez épicé) !

En Chine, tous les repas se mangent avec des baguettes, on s'y était déjà un peu habitué en Asie du Sud-Est, mais ici on n'a pas le choix, pas de couverts ! Les gens commandent généralement plusieurs plats qu'ils partagent en se servant dans de petits bols.

 

Le lendemain, nous changeons d'hôte, et c'est donc Hui Lee, un Warshower chinois tenant un magasin de vélo, qui nous accueille ! C'est très intéressant de discuter avec lui et d'en savoir un peu plus sur la culture chinoise. Nous mangerons chez lui avec toute sa famille avant d'aller nous coucher au milieu des vélos !

 

C'est le jour suivant que débute notre nouvelle aventure. Nos vélos et nos bagages entreposés dans le magasin de Hui Lee, nous traversons la ville en métro afin de nous positionner à l'entrée d'une autoroute, pancarte à la main et le pouce levé !

 

Il ne nous aura fallu que 15 minutes pour grimper dans une voiture qui nous déposera directement à Jianshui en 2 heures, trop facile !

 

Jianshui possède un pittoresque centre-ville avec ses ruelles pavés et ses maisons en bois !

 

Après s'être installés dans le dortoir d'une auberge de jeunesse, nous partons à pied voir le pont du Double Dragon en traversant des villages, où le mode de vie des gens semble bien moins évolué que ce qu'on a pu voir en ville.

 

Le soir, nous regarderons les chinois danser sur la place centrale, un véritable spectacle !

Le temple de Conficius, non loin de notre auberge, est un ensemble de temples et de portes où règne une atmosphère paisible.

Nous poussons également la visite dans les prestigieux jardins de la famille Zhou, où chaque pièce est une invitation à méditer, à voyager ! Une merveille !

 

Nous quittons Jianshui le lendemain pour nous rendre à Shilin, et sa forêt de pierres. Nous nous postons juste devant le péage de l'autoroute, ainsi, les conducteurs roulant lentement, ne peuvent pas nous éviter !

Bingo, deux jeunes nous ouvrent les portes et direction Kaiyouan, à mi chemin vers Shilin. Nous serons repris assez rapidement par deux autres jeunes, dont le conducteur parle Anglais, cette fois nous sommes installés à l'arrière de la camionnette !

 

Arrivés à Shilin, nous nous apercevons que le site touristique se trouve à plus de 10 kilomètres, et nous regrettons nos vélos... La suite de la journée a mis à rude épreuve nos pieds car nous avons tourné et tourné de nombreuses fois afin de dénicher un hôtel abordable.

 

Les sites touristiques en Chine sont horriblement cher, que ce soit pour visiter un musée, un temple, un site naturel, et même pour randonner il faut payer un droit d'entrée pour emprunter les sentiers... Heureusement, nous avons trouvé une astuce, et nous arrivons à bénéficier du tarif étudiant en montrant nos carte d'identité. Les chinois ne comprenant pas ce qui est écrit dessus pensent que c'est une carte d'étudiant, et nous payons moitié prix !

 

La Forêt de Pierre ressemble un peu aux formations de la région de la Cappadoce en Turquie sauf que, comme son nom l'indique, elle n'est formée que de pierre aux formes bizarres créées par l'érosion.

Nous nous écartons très vite des lieux où s'agglutinent des centaines de touristes chinois, et bizarrement, il suffit de faire quelques pas pour se trouver seul dans ce labyrinthe de pierre et entendre les oiseaux, une belle atmosphère !

 

Pour terminer notre petite virée, c'est un Japonais, heureux de prêter main forte à deux autostoppeurs, qui nous ramènera à Kunming ! Nous retrouvons Hui Lee et sa famille et passons une autre nuit au milieu des vélos !

L'idée était de reprendre les vélos et voir si le genou de Marie tenait le coup...Malheureusement à peine sortis de la ville, à la première montée, le genou de Marie dit stop...Mais heureusement, nous avions envisagé cette eventualité et pouvons réagir assez rapidement en conséquence.

Nous recontactons Mickaël qui nous accueille de nouveau à bras ouvert et il nous sera d'une grande aide pour la suite.

 

Remonter sur un vélo en Chine est une option que nous devons écarter. De ce fait, pour continuer notre voyage, nous devons envoyer nos vélos à Pékin par train de frêt, où nous les récupererons dans un mois et demi avant de remonter vers la Mongolie.

 

La gare est une vraie fourmilière et trouver à quel guichet il faut s'adresser pour pouvoir envoyer nos vélos est déjà une grande mission, d'autant plus que l'anglais est limité ici. Heureusement Mikaël parle chinois et il parviendra à nous aider par téléphone ! Nous nous séparons donc de nos vélos temporairement et espérons pouvoir continuer à voyager en vélo par la suite.

En attendant, nous comptons bien visiter la Chine différemment et pour cela nous achetons un sac à dos et des chaussures de randos toutes neuves (on ne sait pas si c'est du vrai!!).

 

Pour notre dernière soirée, Mickaël a cuisiné 4 plats laotiens et nous rajoutons notre touche avec des crêpes bretonnes en dessert, un festin !

Le lendemain matin, avant de le quitter, Mikaël procède à une cérémonie du thé, une première pour nous !

 

Cette fois, nous disons au revoir à Mickaël, qui a été un hôte parfait, et avec qui nous avons passé de très bons moments.

 

Pour cette nouvelle tentative, sortir de Kunming en autostop ne nous a pas réussi, et c'est donc en bus que nous nous sommes envolés vers Dali et ses montagnes, d'où nous vous écrivons !

La suite au prochain épisode !